Jacques André
Après un doctorat en mathématiques et informatique en 1965, Jacques André entre au CNRS dans une équipe de linguistique. Après quelques années dans un centre de recherche et développement d'une société américaine, il intègre l'Institut de recherche en informatique et automatique (INRIA).
Il s’intéresse très vite à la typographie numérique et à la gestion des documents numériques. II crée et dirige pendant quatre ans le projet européen Didot d'enseignement de la typographie numérique et anime de nombreux colloques internationaux (Electronic publishing, Digital typography, etc.), diverses revues de recherche (dont Document numérique) et les Cahiers Gutenberg.
Cette vision informatique de la typographie l'a conduit à l’étude de l’histoire de la typographie traditionnelle dont il est aujourd'hui l'un des spécialistes français.
À ce titre, il a participé activement au XVIIIe siècle de l'Histoire de l'écriture typographique d’Yves Perrousseaux (Atelier Perrousseaux éditeur, 2010).
Graphê n°72
" HISTOIRE DE L'ÉCRITURE TYPOGRAPHIQUE "
Quelle histoire !
Dans son numéro 70, "Graphê" a présenté les tomes V et VI de l' « Histoire de l'écriture typographique » de l'Atelier Perrousseaux. Retour sur cette collection dans une interview de Jacques André qui en a dirigé la moitié des ouvrages.
Graphê : Vous venez de terminer l'Histoire de l'écriture typographique. Quelle est sa propre histoire ?
Jacques André : Yves Perrousseaux était un professionnel du livre imprimé et habitué des Rencontres de Lure. S'étonnant du manque de livres d'initiation à la typographie, il se lance, vers 1990, dans l'aventure de rédiger un Manuel de typographie élémentaire qui va être imprimé, grâce à Maurice Laugier, par Louis-Jean à Gap. Personne ne croyait à l'époque en un tel marché... Mais, grâce au charisme de son auteur, ça marche très bien (le livre en est à sa septième édition) et il fonde ainsi sa maison d'édition, l'Atelier Perrousseaux. Qui publie alors divers auteurs, souvent lursiens, tels que Blanchard, Mandel ou Frutiger. Autre vide auquel s'attaque alors Perrousseaux: il n'y a pas, en français, d'histoire récente de la typographie. C'est ainsi que parait en 2005 le premier volume de son Histoire de l'écriture typographique, de Gutenberg au XVIe siècle qui se distingue des histoires de l'imprimerie par la priorité donnée aux caractères. Mais Perrousseaux tombe malade, cède sa maison d'édition (David Rault en devient alors le directeur artistique) et publie les deux volumes du XVIIIe siècle, juste avant de décéder en mai 2001. Comme j'avais beaucoup aidé Yves Perrousseaux pour ce XVIIe siècle, les éditions Adverbum m'ont alors demandé de continuer son oeuvre. Ce que je ne pouvais faire qu'en collaboration. D'abord avec Christian Laucou pour le XIXe siècle (2014) puis avec toute une équipe pour ce XXe siècle qui vient de sortir en deux tomes.
Toute une équipe ?
Oui... Le XXe siècle est très riche et sa typographie peut être vue avec des approches très différentes. Quitte à sacrifier un peu l'unité du style, on a préféré ainsi jouer sur la diversité des auteurs - historiens, enseignants, graphistes ou techniciens - qui ont des approches spécifiques mais qui sont tous passionnés par la typo, ou plutôt par les typographies car, durant le siècle passé, la typographie est devenue plurielle.
Qu'entendez-vous par " typographie plurielles " ?
Depuis son invention, la typographie - l'écriture avec des types (sous-entendu en plomb) - a évolué lentement; mais depuis la fin du XIXe siècle, les caractères d'imprimerie sont sortis du livre pour entrer dans le monde naissant de la publicité puis des médias. On a souvent mentionné l'antagonisme « Caractères du labeur et ceux de la presse » ou celui « caractères dessinés/caractères gravés » ; mais il en existe bien d'autres, comme « caractères en plomb pour l'imprimerie/ caractères des écrans pour le grand-public du web », « caractères en noir/caractères en couleurs», « caractères professionnels (plomb)/caractères d'amateurs (infographie)», ou tout simplement « avec empattements/sans-serifs » voire «caractères construits (comme ceux du Bauhaus)/ caractères déconstruits (de Jeremy Tankard) ».Toutes ces forces antagonistes sont des atomes formant finalement cette molécule qu'est la typographie.
Vous opposez alors les aspects graphiques aux aspects techniques ?
Non, c'est plutôt le contraire. Nous pensons que ce sont deux aspects complémentaires. Que la technique a pu apporter, à un moment donné, des contraintes (ou au contraire de nouvelles possibilités) de réalisation ou de distribution; mais que, globalement, les grandes créations typo-graphiques sont indépendantes des outils. Toutefois - comme il serait difficile d'écrire l'histoire de l'écriture manuscrite sans parler des calames, plumes et autres pointes Bic - nous avons tenu à montrer l'évolution des techniques de fabrication et d'usage des caractères du XXe siècle, à savoir bien sûr les fondeuses, la photocomposition et l'informatique. Sans oublier des choses souvent ignorées, telles que les pochoirs ou surtout les lettres-transferts.
Au point d'en faire le fil conducteur ?
Effectivement, les deux tomes suivent cette évolution technique. Mais c'est aussi celle de la chronologie. Ce qui a posé quelques problèmes, par exemple, celui de devoir mettre dès le tome 1, qui s'arrêtait en principe à 1950, les créations typo des années 1950-1960 conçues initialement pour le plomb, afin de garder la proximité avec les autres caractères plomb. Un autre souci a été posé par de grands auteurs comme Frutiger ou Zapf : ils ont travaillé pour le plomb, la photocomposeuse puis le numérique. Il était alors difficile de trouver la place pour leur biographie complète. On avait pensé faire des encadrés qui auraient été répartis dans le livre, mais faute de place (il y a tant de créateurs...) nous y avons renoncé. Toutefois, aujourd'hui, ces biographies sont faciles à trouver sur le web... Nous avons ainsi préféré prendre du recul sur les hommes ou les anecdotes pour mieux montrer les caractères. Au passage, je signale qu'on a regroupé dessinateurs et fontes dans un double index.
Quid des illustrations?
Traditionnellement, la collection Perrousseaux attache une grande importance aux illustrations. Ici, il y en a des centaines dans chaque tome.
Nous avons essayé de couvrir au maximum les matières concernées tout en montrant des caractères typiques en évitant de prendre des images trop rabâchées. La difficulté bien sûr a été de montrer à des tailles raisonnables de petits caractères que nous préférons montrer dans des occurrences de leur époque plutôt que sous leur forme numérisée d'aujourd'hui. Une autre problématique est liée au fait que nombre d'oeuvres typographiques sont encore sous le couvert de droits de la propriété intellectuelle et que, parfois, certains héritiers ou associations de droits d'auteurs ont abusé du fait que le fair use n'existe pas pour les arts graphiques, même dans le cas d'ouvrages pédagogiques... Heureusement, certains organismes (comme l'École Estienne, le Musée de l'imprimerie et de la communication graphique à Lyon, la BNF, mais aussi la société Monotype, l'université de Reading, etc.) nous ont donné le droit de copier gratuitement (ou plus rarement à très bas prix) des extraits de leurs spécimens de caractères.
Des échos sur ce livre ?
La presse et les réseaux ont en général bien salué la sortie de ce livre. Mais, à mon avis, la meilleure reconnaissance de tout notre travail collectif est le Prix du meilleur livre de graphisme décerné aux deux tomes sur le XXe siècle par le Festival international du livre d'art et du film (FILAF) à Perpignan fin juin. Mais c'est aussi une reconnaissance de la typographie comme art, au même titre que la peinture, la photographie ou le cinéma.
Ouvrages associés :
Ebook : Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle I/II
Ebook : Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle II/II
Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle I/II
Arts et métiers du Livre
Les quatre précédents volumes de l'Histoire de l'écriture typographique retraçaient l'évolution des caractères d'imprimerie de Gutenberg au XIXe siècle. Mais pour comprendre les dessous de l'écriture typographique actuelle, il manquait encore quelques jalons déterminants, posés entre 1900 et 2000. Cette période charnière fait l'objet de l'ouvrage final, décliné en deux tomes. Le premier s'intéresse au début du XXe siècle, l'une des époques les plus mouvementées de l'histoire de la typographie, souligne Alan Marshall dans la préface.Tumultueux mélange de ruptures et de continuité, elle commence au lendemain de l'introduction des composeuses mécaniques et s'achève à la veille de la photocomposition. Entre les deux, existe un foisonnement de mutations.
En parallèle de l'ecnture «à lire», se développe une écriture « à voir » avec la propagande de la Grande Guerre, l'effervescence publicitaire et les affiches Art déco. De même que le typographe est apparu pour graver la lettre, le graphiste s'impose pour la dessiner.
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Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle I/II
Ebook : Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle I/II
Arts et métiers du Livre
Le dernier tome de l' Histoire de l'écrtture typogrophique s'ouvre sur une grande revolution technique survenue au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : la photocomposition. Plus besoin d'assembler des centaines de milliers de caractères de plomb, que ce soit à la main ou à la machine !
Dans la Lumitype présentee en 1949, les caractères sont stockés sous forme de négatifs sur un disque rotatif a mouvement constant. Double avantage : la composition du texte est six fois plus rapide et il est possible de varier styles et corps des caractères.
Peu après, la lettre transfert facilite la diffusion des créations graphiques, les machines a écrire se modernisent et l'informatique naissante exige des adaptations. Jusque-là, décrit Jacques André dans son introduction, la technique cloisonnait trois grands domaines d'expression, quI vont desormais converger : le labeur, la communication graphique, les affaires. A grand renfort d'illustrations, ces volumes séduiront les amateurs d'histoire de la typographie et du dessin de caractères.
Ouvrage associé :
Ebook : Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle II/II
Etapes n°236
À travers le xx• siècle, en deux volumes, Histoire de l'écriture typographique invite le lecteur à examiner l'histoire des caractères d'imprimerie à travers une multitude de rèalisations graphiques. Les graphistes sont mis à l'honneur dans cet ouvrage s'adressant aux aficionados de la typographie mais aussi aux amateurs souhaitant parfaire leur culture.
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Ebook : Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle II/II
Ebook : Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle I/II
Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle I/II
Actualitté
Même si vous n'offrez qu'un tome sur les deux de cette Histoire de l'écriture typographique, le destinataire de ce cadeau aura entre les mains une étude exhaustive de l'art typographique au XXe siècle, une période de ruptures et de modernité. Qui plus est, ce beau livre à l'iconographie évidemment foisonnante rassemble des sommités du design et de la typographie.
Et si vous en avez les moyens, les Éditions Atelier Perrousseaux proposent l'intégralité de l'Histoire de l'écriture typographie en coffret édition limitée.
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Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle I/II
Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle II/II
Ebook : Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle I/II
Caractères
Créée par Yves Perrousseaux, la collection « Histoire de l’écriture typographique » s’enrichit d’un cinquième volume avec ce tome I traitant de la première moitié du XXe siècle (nous parlerons du tome II dans un prochain numéro de Caractère). La collection a pour objectif de retracer l’histoire des caractères d’imprimerie, de leur fabrication, de leurs usages ainsi que de leur implication dans la culture écrite occidentale. De 1900 à 1950, les caractères en plomb ont connu leur apogée en termes de qualité de fabrication, avant de disparaitre définitivement dans la seconde moitié du siècle. Le livre fait ainsi le point sur la gravure de poinçons et la frappe de matrices. Mais, en parallèle, la typographie se modernise avec les machines à composer Linotype et Monotype.
Et les fonderies du monde entier – et elles sont nom breuses à l’époque – s’emploient à produire des caractères pour ces machines. Des caractères d’abord traditionnels (Garamond, Cochin, Baskerville, etc.) puis plus modernes (de Mendoza, Excoffon, puis Frutiger). Le maître mot de ce demi-siècle étant la lisibilité. Le XXe siècle est aussi le siècle où la lettre s’ouvre au public, c’est-à-dire qu’elle va devenir une composante de la création graphique à travers les affiches, les enseignes, les magazines, etc.
Et donc objet d’étude dans les mouvements tels que les Arts nouveaux, le Bauhaus ou l’Art Déco. Enfin, cet ouvrage est ponctué de « pauses » hors chronologie, consacrées aux lettres à pochoirs, à l’imprimeur Louis Jou et aux historiens de la typographie.
Ouvrages associés :
Ebook : Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle I/II
Histoire de l'écriture typographique - Le XXe siècle I/II
Actualitté
" Les éditions Adverbum (Atelier Perrousseaux Éditeur) ont préparé le cadeau idéal pour les amateurs de graphisme et de belles lettres : un coffret de 7 ouvrages rédigés par une quinzaine de spécialistes, sous la direction de Jacques André, pour reconstituer une Histoire de l’écriture typographique au XXe siècle. La parution de ce coffret s'accompagne d'une journée d'études à l'École des chartes le 7 décembre prochain. "
(...)
Les sept volumes de la collection ont été réunis dans un magnifique coffret et cet ensemble précieux, riche de plus de 3 000 illustrations, dédié aux enseignants, aux étudiants, aux professionnels mais aussi à tous les amateurs de la lettre imprimée, nous donne à voir la typographie dans tous ses aspects et saura à coup sûr aiguiser les curiosités et servir de base à de nouvelles explorations et de futures métamorphoses.
Ouvrage associé :
Coffret de la collection Histoire de l'écriture typographique
Le Matricule des anges
A l'heure où le graphiste chinois Xu Bing publie « Une histoire sans mots », un roman exclusivement composé d'icônettes (Grasset, 2013), la parution du dernier volume de la série consacrée à l'Histoire de l'Ecriture typographique
intervient à point pour interroger un vecteur d’expression multiséculaire qui semble subir une mutation profonde depuis son inscription dans l'univers informatique : le caractère typographique.
Présenté par Didier Barrière, qui a assisté récemment à la désintégration de l'Imprimerie nationale, le travail très largement illustré de Jacques André, linguiste spécialiste de la typographie numérique, et de Christian Laucou, Editeur et typographe à l’enseigne de Fornax, vient nous mettre sous les yeux ce qui, après la Révolution française est venu enrichir l'espace public et privé en matière d'images mécaniques, depuis la carte de visite jusqu’à l'encyclopédie en passant par les brimborions, les formulaires et les ouvrages courants, et jusqu 'aux pages de la presse quotidienne qui se compose d'un nombre de signes colossal (au XIX• siècle un exemplaire du Figaro ouvert tient à peu près la place d'une petite toile de tente).
Au-delà des techniques nouvelles que Jacques André et Christian Laucou détaillent avec beaucoup de soin, les pages de cet album offrent un voyage inédit à travers les esthétiques du livre et de la presse au cours du siècle qui, plus que tout autre, imprima « à tour de bras ».
Dans quel cadre prend place votre histoire de l’écriture typographique au XIX• siècle ?
Jacques André :Il y a une dizaine d'années, un imprimeur, Yves Perrousseaux, frappé par l'absence de livres récents sur l'histoire de la typographie, s'est lancé dans la rédaction d'un tel ouvrage. Il voulait à la fois être pédagogue, s'adresser aux chercheurs et aux amateurs, offrir un grand nombre d'images et de précisions techniques. Son travail a été plus long qu'il ne l'imaginait, et il est décédé en laissant trois ouvrages publiés qui couvraient la période allant de Gutenberg à la fin du XVIII• siècle. L'éditeur nous a alors demandé de compléter cette série par ce tome sur le XIX• siècle. Nous avons essayé de le rédiger dans le même esprit, en étant toutefois un peu plus technique.
Christian Laucou : Oui. L'essentiel de cette partie technique m'est dû alors que l'essentiel de la partie historique est due à Jacques André, quoique notre collaboration ait été fondée sur l'échange des informations sur tous les sujets traités. Il est à noter que cette série d'ouvrages dont nous proposons le dernier volume, et non l'ultime, n’est pas une nouvelle resucée d'histoire de l'imprimerie mais une histoire de l'écriture typographique, de la lettre imprimée, de l'évolution de sa forme et de celle de sa technologie.
Elle s'insère donc plus dans l'histoire de l'écriture que dans celle des techniques, bien qu'ici les sujets soient étroitement liés.
Quels sont les enjeux, au XIX• siècle, du typographe ?
Jacques André : Le XIX' siècle est le siècle de la révolution industrielle. Celle-ci n'a pas épargné la typographie, du moins dans son aspect fabrication: tout ce siècle est marqué par une recherche sur la façon de réduire les coûts de production des types et l'on sait que Нa aboutira par les Monotypes et Linotypes. Mais il fallait aussi, et là on parle surtout de l’aspect graphique, satisfaire le marché. D'une part en respectant la tradition (ce seront les caractères de Gillé et des Didot, ceux de l'Imprimerie royale, etc.) et, d'autre part, en copiant le modernisme venu d'Angleterre notamment (caractères gras, Egyptiennes, etc.) et, par réaction à ces excès, en retournant en force aux elzéviers (ouvrages de petit format, ndlr). Le marché c'est aussi celui des éditions savantes nécessitant des fontes capables de couvrir pratiquement toutes les langues du monde y compris celles mortes comme les hiéroglyphes égyptiens.
Enfin, le XIX• siècle verra aussi apparaître les prémices de la typographie des premières années du XXe siècle avec les caractères d'Eugène Grasset, de Peignot, etc. Le XIX• siècle typographique est donc fait de contrastes, de sueur et de créativité.
Christian Laucou : Si par typographe on entend, comme Fournier le Jeune au XVIII• siècle, celui qui crée le caractère (qui le dessine et qui le grave), alors le typographe est celui qui impose l'aspect graphique de son époque, au XIX• siècle comme à toute autre époque sauf, peut-être, à la nôtre où tout est brouillé par la profusion. Si par typographe on entend celui qui utilise la lettre typographique pour produire de l'imprimé, alors le typographe du XIX•siècle est un homme qui doit s'adapter rapidement aux avancées technologiques incessantes de son siècle. Entre le début et la fin de ce siècle, il passe d'une typographie totalement manuelle, héritée des siècles précédents, à une typographie entièrement mécanisée.
Comment envisagez-vous la période à venir ?
Christian Laucou : Pour anticiper quelque peu, le XIX•siècle sera celui de la dématérialisation de la typographie et le XXI• siècle, celui de sa déprofessionnalisation. Ne me demandez pas ce que sera le XXII' siècle (rires).
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Histoire de l'écriture typographique : Le XIXe siècle français
Ebook : Histoire de l'écriture typographique : Le XIXe siècle français
Etape janvier/février 2014
A la suite des premiers volumes sur l'histoire de la typographie écrits par Yves Perrousseaux, Jacques André et Christian Laucou prennent le relais et rédigent à quatre mains ce nouvel ouvrage dédié au XIXe siècle. Le livre est divisé en huit chapitres, consacrés tant aux évolutions techniques qu'aux différentes fonderies ou aux familles typographiques en plein essor. Des "pauses" entre les chapitres rythment l'ouvrage et permettent un focus sur des aspects particuliers, comme le rangement de la casse ou les manuels typographiques.
L'érudition des deux auteurs et la qualité des documents présentés font de ce livre un ouvrage complet, qui permettra aux passionnés de mieux comprendre les évolutions majeures de l'époque
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Ebook : Histoire de l'écriture typographique : Le XIXe siècle français
Histoire de l'écriture typographique : Le XIXe siècle français
typofonderie.com
’Histoire de l’Écriture Typographique est une collection des éditions Atelier Perrousseaux initialement créée par Yves Perrousseaux, depuis dirigée par David Rault. Elle est bien connue des amateurs & professionnels francophones de la typographie. En dehors d’un volume transversal par Rémi Jimenes sur Les Caractères de civilité: Typographie et Calligraphie sous l’Ancien Régime, elle est composée de trois tomes qui sont l’œuvre personnelle d’Yves Perrousseaux (De Gutenberg au XVIIe siècle — Le XVIIIe siècle: Tomes 1 & 2) et constituent son grand œuvre. Après le décès de celui-ci, Jacques André (mathématicien de formation devenu via l’informatique un éminent spécialiste de la typographie numérique) & Christian Laucou (ancien ouvrier typographe devenu éditeur et, émule de Queneau, fondateur de l’Ouvroir de Typographie Potentielle) ont entrepris de poursuivre le travail de Perrousseaux & d’écrire le volume suivant, consacré au XIXe siècle français.
La typographie franзaise au XIXe
Cet ouvrage volumineux (presque 400 pages) est à nouveau une somme d’érudition d’une extrême richesse. Il couvre non seulement ce qu’il y a de plus connu & de plus important dans la typographie française au XIXe comme les caractères des Didot (qui occupent une place centrale dans le livre) mais aussi les aspects parfois un peu sous-estimés: par exemple, l’influence de la typographie anglaise sur les créateurs de caractères français d’alors, l’importance du renouveau des Elzévirs ou l’invention des caractères de fantaisie. Pour le lecteur, l’intérêt principal de ce volume réside sans doute ici: la peinture d’un XIXe siècle extrêmement divers et tout entier tourné vers la recherche en typographie, un XIXe siècle traversé d’une tension fondamentale entre la recherche de la perfection formelle et la diversification dans l’excès. Cette tension transparaît justement dans les didones, caractères nés d’une quête: la rationalisation toujours plus poussées de la forme, caractères excessifs aussi: toujours plus grands; toujours plus contrastés; toujours plus gras; toujours plus ornés. Plus de 450 illustrations extrêmement bien choisies et pertinentes (même si l’impression moderne ne rend pas bien compte de l’aspect réel des didones originaux), pour certaines d’une beauté saisissante, d’une créativité intense ou d’une modernité surprenante permettent d’appréhender la richesse complexe de ce XIXe siècle. Ces illustrations (pour beaucoup peu ou mal connues) seront sans doute des sources d’inspiration pour les typographes contemporains. À titre personnel, j’attire l’attention sur certains aspects du travail de Jules Didot qui m’étaient largement inconnus: son étonnant livre spécimen qui mériterait d’être intégralement réédité (pages 124-126); les formes inattendues de ses caractères (pages 131-132) & surtout la magnifique frise faite de points d’interrogation et d’exclamation (page 135)!
L’ouvrage se montre tout aussi excellent quand il dépasse le cadre strict qu’il s’est lui-même assigné (le dessin de caractères en plomb). Les chapitres sur le développement de l’Imprimerie qui deviendra Nationale ainsi que sur la généalogie des fonderies françaises (qui aboutiront in fine à la création de Deberny & Peignot au XXe siècle) permettent de comprendre en profondeur qu’une caractéristique majeure de la typographie est d’être une industrie fondée sur un art. En tant qu’art, son échelle temporelle est multiséculaire: la typographie repose sur une somme de savoirs & de savoir-faire accumulés et transmis par l’expérience humaine. En tant qu’industrie, son échelle temporelle est plus courte: elle dépend des progrès techniques et des vicissitudes de l’économie. Les moments les plus féconds de l’histoire de la typographie sont donc ceux où le capital humain s’est combiné au capital technique & économique. Les nombreuses pauses entre les chapitres permettent aussi d’aborder des sujets a priori écartés d’emblées par les auteurs: notamment tous les aspects liés à la composition & à l’usage des lettres (les vignettes gravées sur bois, les lettres décorées, mais aussi les manuels typographiques) qui donnent une image différente de ce siècle et peuvent à nouveau être des sources d’inspiration fécondes.
Le plus grand mérite de cet ouvrage est peut-être de s’être appuyé autant que possible sur des sources originales et d’avoir fait ainsi véritablement œuvre d’historien. Il reste aux historiens de métier, les universitaires (par exemple les historiens du culturel: Jean-François Sirinelli, Pascal Ory, Laurence Bertrand-Dorléac, ou plus probablement leurs élèves) à s’appuyer sur ces travaux remarquables pour donner une ampleur encore plus grande à l’histoire de la typographie en la resituant en tant que phénomène social & en la liant mieux encore à l’historiographie moderne et contemporaine.
Par Dàvid Ranc, janvier 2014.
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Histoire de l'écriture typographique : Le XIXe siècle français
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tm rsi stm
La typo du XIXe siècle - Comme nous l'avions annoncé après le décès d'Yves Perrousseaux, sa série d'ouvrages illustrés relative à l’«Histoire de l' écriture typographique»* connaît un prolongement.
Grâce à Jacques André, personnalité connue de la scène graphique francophone, allié à Christian Laucou, l' historique des caractères du XIXe siècle est sorti de presse. Il s'agit d'un fort volume (près de quatre cents pages), élaboré dans le même style que ceux de leur prédécesseur (même si l'approche me paraît plus «universitaire », renfermant moult détails). Lesquels supposent d'ardues et abondantes recherches (qui sont autant de découvertes pour le lecteur!), augmentées et enrobées d'une iconographie tout à fait remarquable.
Cette somme typographique d'importance renferme huit chapitres :
1. La typographie anglaise, de la fin du XVIIIe siècle au milieu du XIXe; 2. Les fonderies de Gillé, Balzac, Laurent, Deberny ; 3· Les Didot ; 4· La typographie de l'Imprimerie royale, impériale, nationale ; 5· Le renouveau des elzévirs ; 6. De la main à la machine (évolution de la fonte de caractères et de la composition typographique) ; 7· Fonderies françaises de 1840 à 1900 ; 8. Prémices du XXe siècle.
De surcroît, l'idée de « pauses », chère à Perrousseaux, a été reprise, formant près du tiers des pages. Elle sont consacrées à ces sujets : De la gravure sur bois aux vignettes polytypées - Variations sur la casse française et son rangement- Le gras et le livre - Les manuels typographiques - Les caractères de fantaisie - Les lettres dessinées. Un préambule signé par Didier Barrière (correcteur, responsable de la bibliothèque historique à l'Imprimerie Nationale, à Paris), une bibliographie et un index complètent le volume.
On comprendra qu' il n'est pas possible de couvrir, dans la présente rubrique, un ensemble aussi vaste. Ainsi se limitera-t-on à faire ressortir quelques éléments relatifs aux manuels typographiques - «témoins précieux de l'avancée technologique de leur époque».
Le premier ouvrage analysé est le Traité de l'imprimerie (1798) de Bertrand-Quinquet. A noter que cet auteur regrette de ne pas utiliser «les forces de corps en points» (ses mesures étant données dans le système métrique). Dû à Bonaventure Auguste Vinçard, L'Art du typographe (1806) fait ressortir une particularité : l'auteur se définit par le néologisme « typographiste ».
En 1817 paraissait un Manuel de l' imprimerie, sans nom d'auteur, mais édité par Farge. Deux seuls exemplaires sont répertoriés : un à l’Ecole Estienne et celui que Ladislas Mandel avait légué à la Bibliothèque de l'Arsenal.
Tiré à deux mille exemplaires et entièrement composé par Brun et ses deux fils, le Manuel pratique et abrégé de la typographie française (1825) a été publié chez Firmin Didot père et fils. Sa singularité : il ne comporte aucune division de mot en fin de ligne !
En passant outre d'autres éditions intéressantes, nous nous arrêtons enfin sur le Nouveau Manuel complet de typographie (1835). Pour une bonne raison : l'auteur s'appelle Antoine Frey. Il est Suisse, né à Zurich en 1789. Après un apprentissage à la Typographische Gesel/schaft, il avait rejoint Paris en 1806. Compositeur, puis prote et correcteur, il avait publié, en 1831, un pamphlet politique intitulé Les ultra-libéraux, qu'il avait signé en tant qu'« un des vétérans des ouvriers de Paris ». Le manuel mentionné (important!) est paru sous la forme de deux volumes à l enseigne de la célèbre Encyclopédie Roret. Antoine Frey fait partie de l'imposant groupe de typographes alémaniques qui ont pratiqué, voire enseigné, leur art dans la Ville Lumière**.
*Histoire de l'écriture typographique: tome 1 · «De Gutenberg au XVIIIe siècle >>; tomes II et III : «Le XVIIIe siècle >> d’Yves Perrousseaux ; ouvrage apparenté de Rémi Jimenes · <<Les caractères de civilité >>.
**Voir, dans le No 1/ 2012 des TM-RSI, l'article signé par Hans Rudolf Bosshard, intitulé <<Walter Hachler, der erste Schweizer Typograf in Paris >> (après la Seconde Guerre mondiale). L'auteur a recensé, entre 1945 et 1980, une cinquantaine de noms. Des personnalités qui ont influencé le style typographique dans la capitale française et au-delà (dont Peter Knapp, Adrian Frutiger, Jean Widmer, Albert Hollenstein, Ernst et Ursula Hiestand, André Gürtler, Bruno Pfaffli, Hans-Rudolf Lutz, voire Hans Jürg Hunziker ... ).
LE BLOC-
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Ebook : Histoire de l'écriture typographique : Le XIXe siècle français
Histoire de l'écriture typographique : Le XIXe siècle français
L'archéologie industrielle en France
L'histoire de la typographie est un domaine assez austère et sans doute limité dans son audience populaire. Une encyclopédie débutant à Gutenberg avait commencé à être publiée voici quelques années, mais elle s'arrêta à la fin du XVIIe siècle par suite du décès de son auteur. Le 4e volume qui vient de sortir, consacré au XIXe siècle français, se veut la continuation de cette œuvre considérable. Il s'agit plus d'une étude de l'écriture typographique que des aspects plus graphiques comme la mise en page par exemple, selon le choix fait par les auteurs. Plus précisément, même, ceux-ci s'intéressent particulièrement aux Didot et à l'Imprimerie nationale. L'intérêt particulier pour nous vient de ce que le X!Xe siècle connaît un accroissement considérable des imprimés, des bulletins administratifs aux journaux, des romans aux ouvrages d'art, des affiches aux vignettes et que tout ceci, tiré à un nombre accru d'exemplaires influe, on s'en douterait, sur les techniques de fabrication de caractères et génère une profusion de nouveautés typographiques. L'ère devient, en ce domaine aussi, véritablement industrielle et il est traité dans deux chapitres consacrés l'un à l'évolution des fontes de caractères et de la composition typo-graphique,« de la main à la machine », l'autre aux fonderies françaises de 1840 à 1900. Le premier de ces chapitres techniques est particulièrement instructif, expliquant le passage de la fabrication des caractères selon la méthode Gutenberg à l'invention des machines à composer et autres linotypes. La lettre surement, mais aussi les bois et bientôt la galvanotypie. Le chapitre suivant nous entraîne vers les entreprises de production de caractères, bien entendu majoritairement parisiennes et situées dans l'environnement immédiat du quartier latin, qui se concentreront progressivement pour ne donner que deux grosses entreprises industrielles à la fin du X!Xe siècle ... Les six chapitres de ce gros ouvrage sont entrecoupés de variations sur un thème, « pauses " traitant " perpendiculairement >> de sujets plus précis. L'ensemble est enfin très abondamment illustré, permettant au lecteur de prendre la mesure de ces caractères, d'en apprécier la multiplicité, la richesse et pourquoi pas de chercher à s'en inspirer. En gardant à l'esprit que la première vertu d'un caractère est sa lisibilité ...
Joseph Virieux
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Ebook : Histoire de l'écriture typographique : Le XIXe siècle français
Histoire de l'écriture typographique : Le XIXe siècle français
Caractère 703
Cet ouvrage vient compléter les trois tomes précédents de la collection créée par Yves Perrousseaux (1940-2011).
Dans le même esprit, Histoire de l’écriture typographique Le XIXe siècle français raconte l’histoire des « caractères d’imprimerie », de leurs usages et de leur implication cachée dans la culture occidentale. Pour montrer la richesse de cette période, les auteurs ont choisi d’en raconter les aventures successives : les Anglais avec l’invention des caractères gras, des égyptiennes et des sanssérifs ; la fonderie Gillé, qui devient celle de Balzac puis de De Berny et qui rejoindra, au début du XXe siècle, celle des Peignot ; la saga des Didot, de la rigueur de Firmin à l’extravagance de Jules ; l’Imprimerie royale, puis impériale et nationale, ses caractères orientaux et ceux de labeur, qui perdureront tant qu’il y aura du plomb ; Louis Perrin, qui réinvente les elzévirs ; les grandes fonderies françaises ; et, enfin, les évolutions techniques du XIXe siècle. Et comme dans les précédents tomes, des « pauses » élargissent le chant purement typographique avec : la gravure sur bois, les casses d’imprimerie, les caractères gras, les manuels de typographique, les caractères de fantaisie et les lettres dessinées.
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Ebook : Histoire de l'écriture typographique : Le XIXe siècle français
Histoire de l'écriture typographique : Le XIXe siècle français
Graphê n°56
Complément indispensable aux trois tomes précédents de la collection créée par Yves Perrousseaux, ce XIXe siècle français a été rédigé dans le même esprit et raconte l'histoire des «caractères d'imprimerie», de leurs usages et de leur implication cachée dans la culture occidentale. Le XIXe siècle typographique est marqué par le foisonnement et l'excès, par des oppositions d'austérité et d'extravagance, par la cohabitation de livres romantiques et de livres industriels et par de nouveaux codes d'usage de la typographie. C'est le siècle où la typographie devient art et industrie.
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