Histoire de l'éducationRédigé le Jeudi 1 novembre 2012
Histoire de l'éducation
• Ainsi, Père et Mère, vous voyez l'obligation indispensable que vous avez de prendre très grand soin de vos enfants •. En ouvrant le superbe ouvrage de Rémi Jimenez, on découvre dans la double page de garde la reproduction agrandie, blanc sur fond noir, d'une planche en • caractères de civilité •. Datée de 1742, elle provient de chez Claude Lamesle, fondeur de caractères et on apprend avec surprise que cette typographie imitant la cursive gothique ne prend ce nom que vers 1740: choisie par J.-B. de La Salle pour Les règles de la bienséance et de la civilité chrétienne, c'est seulement après s'être répandue dans toutes les écoles des Frères que son nom se banalise. Dès lors, les impri-més antérieurs de même facture seront désignés sous ce nom. De quand date-t-elle? Inventée à Lyon par Granjon en 1557, elle se nomme à l'époque • Lettre française d'art de main •. à cause de sa proximité inégalée avec l'écriture manuscrite (ligatures, boucles, effets de traîne). Destinée à concurrencer les • écritures italiques •. elle est protégée par un privilège royal et les graveurs vendent des poinçons dans toute la France et dans l'Europe du Nord (Allemagne, Angleterre, Flandres, Pays-Bas, Suisse). pour des éditions poétiques, musicales, les traductions en français (vis-à-vis de l'original en romain) et, bien sûr, des livres scolaires : la Civilité puérile adaptée d'Érasme, les Quatrains de Pibrac, les Quatre Livres de Caton, le Catéchisme latinjrançais de Calvin.
Pourtant, le succès de cette cursive imprimée est bref : les caractères gothiques reculent devant les romains et les manuscrits des actes officiels se mettent à suivre les nouveaux modèles d'écriture proposés par les Italiens. En 1633, les seules écritures manuscrites autorisées par le roi sont la ronde (française) et la bâtarde (italienne). Les caractères de civilité sont alors abandonnés. Pourquoi J.-B. de La Salle va-t-illes faire renaître soixante-dix ans plus tard ?
Pour Rémi Jimenez, la raison est de stricte commodité : les caractères de civilité, difficiles à déchiffrer pour qui a appris à lire en lettres romaines, ont l'avantage de présenter aux élèves l'écriture imprimée qui se rapproche le plus de la ronde qu'ils ont à écrire. C'est donc au moment où ils sont mis à la plume que les Frères donnent à lire la Civilité, répertoire de modèles à imiter autant que livre de lecture. Cette étape prépare à la • lecture des registres » (les véritables manuscrits). L'usage lassallien déborde les écoles chrétiennes et nourrit l'édition populaire des livrets de colportage. Les fontes anciennes, parfois un peu modernisées, sont donc consacrées aux Civilités et à elles seules, si bien que les typographes troyens conservent les planches composées, s'épargnant la peine et le temps d'une nouvelle composition (nombre d'errata persistent d'une édition à l'autre). Des milliers de livrets sont ainsi rapidement réimprimés, réapprovisionnant à bas prix les libraires et les colporteurs. Lorsque les maîtres abandonnent l'écriture la ronde pour • la coulée •. puis pour • l'anglaise » qui s'impose au XIXe siècle dans le commerce et l'administration, les caractères de civilité disparaissent définitivement. Richement illustré et précisément annoté, le livre de Rémi Jimenez, pour qui les écritures manuscrites ou imprimées n'ont pas de secret, documente ainsi avec précision et clarté la pédagogie populaire de l'Ancien Régime. Grâce à lui, nous rendrons à La Salle ce que les vulgates attribuaient à Érasme : pour l'histoire de l'école, ce n'est pas rien.
Histoire de l'éducationRédigé le Dimanche 1 janvier 2012
Histoire de l'éducation
• Ainsi, Père et Mère, vous voyez l'obligation indispensable que vous avez de prendre très grand soin de vos enfants ' · En ouvrant le superbe ouvrage de Rémi Jimenez, on découvre dans la double page de garde la reproduction agrandie, blanc sur fond noir, d'une planche en • caractères de civilité •. Datée de 1742, elle provient de chez Claude Lamesle, fondeur de caractères et on apprend avec surprise que cette typographie imitant la cursive gothique ne prend ce nom que vers 1740 : choisie par J .-B. de La Salle pour Les règles de la bienséance et de la civilité chrétienne, c'est seulement après s'être répandue dans toutes les écoles des Frères que son nom se banalise. Dès lors, les imprimés antérieurs de même facture seront désignés sous ce nom. De quand date-t-elle? Inventée à Lyon par Granjon en 1557, elle se nomme à l'époque • Lettre française d'art de main •. à cause de sa proximité inégalée avec l'écriture manuscrite (ligatures, boucles, effets de traîne) . Destinée à concurrencer les • écritures italiques •. elle est protégée par un privilège royal et les graveurs vendent des poinçons dans toute la France et dans l'Europe du Nord (Allemagne, Angleterre, Flandres, Pays-Bas, Suisse), pour des éditions poétiques, musicales, les traductions en français (vis-à-vis de l'original en romain) et, bien sûr, des livres scolaires : la Civilité puérile adaptée d'Érasme, les Quatrains de Pibrac, les Quatre Livres de Caton, le Catéchisme latin : français de Calvin.
Pourtant, le succès de cette cursive imprimée est bref : les caractères gothiques reculent devant les romains et les manuscrits des actes officiels se mettent à suivre les nouveaux modèles d'écriture proposés par les Italiens. En 1633, les seules écritures manuscrites autorisées par le roi sont la ronde (française) et la bâtarde (italienne). Les caractères de civilité sont alors abandonnés. Pourquoi J.-B. de La Salle va-t-il les faire renaître soixante-dix ans plus tard? Pour Rémi Jimenez, la raison est de strtcte commodité : les caractères de civilité, difficiles à déchiffrer pour qui a appris à lire en lettres romaines, ont l'avantage de présenter aux élèves l'écriture imprimée qui se rapproche le plus de la ronde qu'ils ont à écrire. C'est donc au moment où ils sont mis à la plume que les Frères donnent à lire la Civilité, répertoire de modèles à Imiter autant que livre de lecture. Cette étape prépare à la • lecture des registres • (les véritables manuscrits). L'usage lassallien déborde les écoles chrétiennes et nourrit l'édition populaire des livrets de colportage. Les fontes anciennes, parfois un peu modernisées, sont donc consacrées aux Civilités et à elles seules, si bien que les typographes troyens conservent les planches composées, s'épargnant la peine et le temps d'une nouvelle composition (nombre d'errata persistent d'une édition à l'autre). Des milliers de livrets sont ainsi rapidement réimprimés, réapprovisionnant à bas prix les libraires et les colporteurs. Lorsque les maîtres abandonnent l'écriture la ronde pour • la coulée •. puis pour • l'anglaise • qui s'impose au XIX' siècle dans le commerce et l'administration, les caractères de civilité disparaissent définitivement. Richement Illustré et précisément annoté, le livre de Rémi Jimenez, pour qui les écritures manuscrites ou Imprimées n'ont pas de secret, documente ainsi avec précision et clarté la pédagogie populaire de l'Ancien Régime. Grâce à lui, nous rendrons à La Salle ce que les vulgates attribuaient à Érasme : pour l'histoire de l'école, ce n'est pas rien.
Nous voici en plein Moyen Âge, en Provence, avec une passionnante étude sur l'histoire du livre en milieu cathédral -dans les provinces d'Aix et d'Arles. L'auteur a limité son étude à la période s'étendant du XIII• siècle à 1530, date où la production de livres imprimés prend le pas sur la production de livres manuscrits. Qu'est-ce qu'une bibliothèque de cathédrale au acheter un livre au X111• siècle? Comment se répartissaient les disciplines du savoir? (...)
Les ouvrages pratiques sur la mise en page et l'usage de la typographie sur Internet sont rares. Les éditions Perrousseaux, bien connues par les passionnés de graphisme, ont donc bien fait de publier Webgrids d'Anne-Sophie Fradier. Le Web bouscule les "grandes règles typographiques", ainsi, ce qui marchait très bien pour le papier ne fonctionne pas forcément pour la lecture numérique. Comme l'explique l'auteure, ce serait une erreur de vouloir appliquer de façon dogmatique les pratiques héritées du support papier aux nouveaux supports que sont les écrans digitaux. Si l'introduction de Webgrids est d'ordre historique (on remonte à la naissance du livre moderne, du volumen au code~). cet essai est loin d'être seulement théorique. Très vite, on en vient aux spécificités du support écran: de la page mouvante et sans limite au règne des 960 pixels, en passant par l'importance des marges, aux types de grille et à la hiérarchisation des éléments visuels, Anne-Sophie Fradier décrypte les caractéristiques du graphisme appliqué au Web et nous donne quelques conseils pour réaliser des contenus.lisibles, intelligibles et esthétiques.
http://www.ffoodd.fr/lecture-webgrids/Rédigé le Mercredi 7 novembre 2012
http://www.ffoodd.fr/lecture-webgrids/
Bien que familier avec les deux versants du graphisme web – à savoir : le graphisme & le web – force m’est de constater que ces deux versants d’une même montagne sont opposés, à l’instar de l’adret et l’ubac.
L’adret
Ma formation en communication visuelle m’a enseigné les règles typographiques, de mise en page, l’histoire de l’imprimerie et les différents mouvements qui ont heurté l’histoire du graphisme et de l’impression.
L’ubac
Mon expérience professionnelle dans le web m’a éduqué aux contraintes spécifiques du support : affichage sur écran divers et variés, dans des navigateurs qui sont également pléthore.
Un livre très instructif
Dès la première page, la connaissance nous submerge :
Avant que le livre ne prenne la forme que nous lui connaissons aujourd’hui,on utilisait le rouleau ou volumen [...]. Les scribes de l’époque alignaient des colonnes sur cette longue bande de papyrus que l’on déroulait d’un côté et enroulait de l’autre au fur et à mesure de la lecture. À bien y regarder, la pratique de la lecture propre à ce support que les anglophones appellent – accrochez-vous – scroll, en fait un cousin bien plus proche de la page web que ne le sera jamais votre livre de poche, descendant végétarien du codex en parchemin.
Et ce n’est qu’un extrait de la première page. Ce livre fourmille d’explications aussi simples que pointues pour comprendre et appréhender la mise en page sur le web. Un véritable retour aux fondamentaux – parfaitement documentés – qui devenait nécessaire. Je pense que cette lecture m’a fait progresser et c’est la meilleure raison qui soit pour faire l’éloge de ce livre plus qu’abordable.
Ce livre permet d’atteindre le sommet, ce point si compliqué à atteindre mais bel et bien le seul ou se rejoignent l’ubac et l’adret. Réconciliez le web et la mise en page avancée, lisez ce livre !
http://www.alsacreations.comRédigé le Vendredi 9 novembre 2012
http://www.alsacreations.com
Dans la même lignée que "Typo & Web" précédemment évoqué, "Webgrids" traite - en résumé - de la mise en page web.
Plus en détail, le sous-titre est révélateur : "Structure et typographie de la page web". L'ouvrage revient aux fondamentaux de la mise en page, à ses racines historiques et culturelles dans le but de faire des parallèles évocateurs. La structure d'un document est abordée de manière complète, et les enjeux sont expliqués clairement et illustrés.
Le livre traite de tous les types de grilles : les règles imposées et comment les enfreindre, l'importance du rythme vertical, les à-priori et l'ordre établi qui règnent déjà sur un support pourtant bien jeune. Mais il y est également question de composition, des bonnes pratiques et des parti-pris potentiels, le tout de manière documentéé, illustrée et commentée.
C'est un ouvrage qui permet de conscientiser et théoriser les possibilités de composition, de structure et de typographie disponibles sur le web - et permet de réaliser qu'en définitive le web n'est pas aussi limité qu'on l'eût cru. Il s'adresse d'aileurs autant aux intégrateurs qu'aux graphistes et webdesigners.
Le web est désormais typographie. La liberté permise par les nouvelles techniques embarquant des polices, notamment grâce à CSS3, ajoute une nouvelle dimension à la création graphique. Ce livre est consacré à la lisibilité optimale de la typographie sur Internet. Il l'aborde de prime abord de façon très intéressante par la théorie historique et les différentes études effectuées autour du sujet ; puis par les différents concepts applicables au web : forme des lettres, lecture sur écran, lissage, contraste, et outils.
Y sont abordés le rendu des police selon les moteurs graphiques (systèmes d'exploitation, navigateurs) et les instructions CSS pour les manipuler, autant via l'échelle et ses unités que le positionnement, l'espacement ou le choix des caractères. Tout ceci pour optimiser le confort de lecture sur écran, qui influence considérablement nos sens, et aboutir à des pages plus efficaces.
C'est un bon ouvrage pour connaître l'essentiel de la pratique typographique pour le web. Un seul petit regret : les blocs de code indiqués en exemples n'utilisent pas de police à pas fixe, ni d'indentation ;)
neuviemeart.citebd.orgRédigé le Dimanche 18 mars 2012
neuviemeart.citebd.org
(...) C’est précisément le mérite de l’ouvrage de Jean-Noël Lafargue, Entre la plèbe et l’élite : les ambitions contraires de la bande dessinée [2], de faire une part très large aux discours des adversaires des littératures dessinées. Lafargue fait partie de ces historiens qu’on pourrait appeler sauvages, qui récrivent une histoire du médium un peu à leur propre usage. C’est ici une triple histoire que nous propose l’auteur, celle de la bande dessinée, celle de sa vitupération et celle de son statut culturel.
Dans la partie historique, Lafargue n’échappe pas complètement aux bizarreries. Rien n’explique ainsi la place disproportionnée faite au domaine nord-américain, si ce n’est les goûts personnels de l’auteur. Plus fondamentalement, on peut s’étonner du choix d’une approche chronologique, au détriment d’une analyse et d’une synthèse, d’autant que les deux autres thèmes, le rejet de la bande dessinée et le processus de légitimation, sont eux aussi présentés de façon chronologique et thématique, ce qui empêche l’auteur de tirer des conclusions claires.
Lafargue échappe aux euphémismes avec lesquels une certaine critique savante s’était habituée naguère à traiter les campagnes anti-bande dessinées (activités de la Commission de surveillance française, campagne américaine anti-comics). Notre auteur s’est sérieusement documenté. Il dispose par exemple du microfilm du violent pamphlet de Georges Sadoul, Ce que lisent vos enfants, exemplaire de la Bibliothèque nationale, avec son numéro de catalogue manuscrit sur la couverture. Il détient le numéro de Fiction où Pierre Strinati lance sans le vouloir ce qui deviendra le fandom français. Et lorsqu’il est question des allusions à la bande dessinée au petit écran, notre auteur va se documenter sur le site de l’INA (épisode des Cinq dernières minutes).
Il est intéressant de comparer les « séries culturelles » qui nourrissent la bande dessinée selon Lafargue à celles du volume collectif dirigé par Maigret et Stefanelli. Selon Lafargue, la bande dessinée, c’est aussi... le dessin narratif, le théâtre et la danse, la littérature populaire, le dessin de presse, l’anthropomorphisme (?), le dessin animé, le cinéma, la photographie, etc. L’auteur arrive ainsi rapidement à faire le tour de la culture de masse, mais aussi des médias, et même de la culture « haute ». Voilà qui relance le bouchon, et fort loin, et qui repose la question des flux et des hybridations.
Complément indispensable aux trois tomes précédents de la collection créée par Yves Perrousseaux, ce XIXe siècle français a été rédigé dans le même esprit et raconte l'histoire des «caractères d'imprimerie», de leurs usages et de leur implication cachée dans la culture occidentale. Le XIXe siècle typographique est marqué par le foisonnement et l'excès, par des oppositions d'austérité et d'extravagance, par la cohabitation de livres romantiques et de livres industriels et par de nouveaux codes d'usage de la typographie. C'est le siècle où la typographie devient art et industrie.
Peu de créateurs de caractères peuvent se targuer de représenter, à eux seuls ou presque, la création typographique d'un pays tout entier : Jean François Porchez est de ceux-là. Lorsqu'il n'intervient pas à l'étranger, il travaille sur des projets typographiques sur mesure pour son studio ZeCraft ou gère la publication des caractères chez Typofonderie. La monographie publiée par Atelier Perrousseaux éditeur retrace son parcours et livre sans réserve le secret de son art.
La monographie que David Rault consacre à Roger Excoffon n’est
pas un livre sur Roger Excoffon, c’est Roger Excoffon dans un
livre.
Artiste lui-même pluridisciplinaire (graphiste, typographe,
photographe, homme de cinéma), David Rault fait revivre sous nos
yeux l’homme Roger Excoffon, dans ses élans, ses passions, dans la
polyphonie de son immense talent.
Par le prisme de cet ouvrage grand format, accessible, précis et
richement illustrée, nous découvrons le caractère Excoffon, son
écriture, le parcours de cet auteur (typo)graphique, le chantier du
Mistral, le premier nom de l’Antique Olive, un Calypso tout à fait
fortuit ; l’Excoffon publicitaire, graphiste, visualiste dont les
travaux & les commandes laissent apparaître ici de façon
synoptique la vision d’une époque, un peu de notre histoire
contemporaine, en France tout particulièrement, mais pas
seulement.
La mise en page du livre se fait au fil des pages mise en scène
avec, en point d’orgue, un superbe cahier consacré aux
photographies que Jean Dieuzaide a fait de Roger Excoffon dans les
années 1960.
L’Excoffon de David Rault est un livre que l’on peut lire vite, à
la vitesse d’une Ferrari, image que feu Yves Perrousseaux associait
cet ouvrage, s’amusant de l’audace de sa couverture
rutilante.
Mais c’est aussi un travail que l’on peut relire avec patience, en
gourmet des vignettes et des mots. Ceux de Maximilien Vox et
Savignac en particulier sont de véritables morceaux de bravoure
littéraires, qui dépassent de loin le génie spécialisé de la
typographie et qui devraient puissamment contribuer à célébrer les
nouvelles noces de la geste excoffonienne et de l’homme de la
rue.
Yves Perrousseaux est parti trop tôt en ces jours de mai 2011,
plein de projets d‘éditions en tête. C’est à la manière d’un
témoignage que j’essaye en ce dimanche soir de me souvenir de cet
amoureux fou de la typographie. Comment fallait-il aborder ce
devoir de mémoire? Jamais évident… Je me souviens avoir rencontré
Yves
Perrousseaux à la fin des années 80, lors de ces mémorables
rencontres annuelles d’août organisées par les Rencontres
internationales de Lure. Ce lieu était un doux mélange de grands
professionnels de la typographie, d‘érudits de toutes sortes, de
jeunes étudiants, d’amateurs éclairés en soif d’apprendre,
d‘échanger. En 1989 lors d’un de mes premiers passages, je
reconnaissais en la personne d’Yves l’un de ces amateurs, j‘étais
un des ces étudiants. Nous étions tout en bas de cette
montagne, face aux Blanchard,Mandel,Richaudeau,Ponot, et ravis
d’apprendre à leur contact.
Les années passaient et en 1995, il publiait son premier manuel
de typographie composé en Sabon. Cet ouvrage n‘était
pas destiné aux professionnels du graphisme, mais plutôt aux
utilisateurs non-professionnels des outils de PAO de l‘époque. Ce fut un réel succès. De nombreuses
rééditions ont suivies (neuf éditions?).
Yves, grand amateur de typographie latine, aimait essayer des
nouveaux caractères typographiques, promouvoir les jeunes
générations que nous étions en utilisant nos fontes. Yves
utilisait avec grand plaisir dans ses mises en pages de livres de
recettes, de guides, autour de la provence (ses clients locaux) nos
créations typographiques, dont celles de François Boltana,Thierry
Puyfoulhoux, et bien d’autres comme celles d‘Éric de Berranger,Xavier Dupré, etc.
qui étaient ravis de voir enfin utilisé de beaux caractères de
textes en édition. Yves apprenait, comme nous les jeunes, malgré
l‘écart générationnel.
Vers 1997, Yves, emporté par l’enthousiasme de Gérard Blanchard, publiait l’Aide au choix de la typographie du Chancelier
des Rencontres internationales de Lure. Une somme typographique,
fournie, complète, mis en page par Blanchard lui-même sur son PC,
et recomposé par Yves Perrousseaux, le tout, composé avec un des
packs de la totale typographie, Le Monde Livre1
et Le Monde Sans que j‘étais en train de finir pour ma fonderie. Avec
le recul, il semblerait que Gérard avait réussi nous faire passer
du statut d’amateurs à celui de passionnés de typographie en nous
associant à ses “saines folies” typographiques. Dans une interview publié en 2002, Yves Perrousseaux
nous dit d’ailleurs à ce sujet: Quant à en être l’un des
piliers, c’est beaucoup dire. C’est à Lurs que j’ai appris la plus
grande partie de mes connaissances professionnelles actuelles.
C’est à mon tour de transmettre ce que les aînés m’ont transmis,
c’est tout et c’est normal. Yves est pour ainsi dire un pur
produit de l’esprit de Lurs.
Yves — lors de nos discussions téléphoniques passionnées (nous
n‘étions pas toujours d’accord et c‘était mieux ainsi, une preuve
de nos engagements pour une passion commune) — me racontait ses
nouvelles aventures d‘éditeur d’ouvrages typographiques: rencontre
avec
Frutiger, publication des
livres de Mandel, etc. Sa maison d‘édition Atelier
Perrousseaux est devenu au fil des ans l‘éditeur francophone
qu’il manquait dans notre pays. Bien plus tard, lorsque j’ai appris
qu’Yves Perrousseaux avait trouvé son successeur en la personne de
David Rault vers 2009, c‘était une excellence nouvelle pour la
continuité de son œuvre. Cette décision prend d’un seul coup
tout son sens dans ces derniers jours de mai
2011. Yves Perrousseaux restera un des acteurs majeurs de la
tradition
typographique lursienne.
Les éditions Atelier Perrousseaux, qui nous ont déjà gratifiés
de deux superbes volumes d’une Histoire Typographique qui est
devenu un ouvrage de référence incontournable sur le sujet,
viennent de faire paraître un nouvel ouvrage sur un sujet fort peu
traité par les historiens de la typographie, j’ai nommé la « lettre
française d'art de main » ou « lettre façon d'écriture », plus
connue sous le nom de « lettre de civilité ». À la frontière de la
typographie et de la calligraphie, ces lettres sont calquées sur
une des cursives de l’époque et servaient à imprimer notamment des
manuels éducatifs. On les composait dans ce caractère bien
particulier en se disant qu’il était plus facilement lisible à
l’âge où l’on apprend à lire et à écrire justement cette cursive
scolaire. En dehors de l’ardu problème typographique qui consiste à
rendre par des rectangles de plomb toutes les subtilités d’une
cursive avec ligatures, trait continu et caetera, ces lettres sont
très esthétiques et loin, dans leurs formes, des caractères romains
et italiques auxquels une typographie plus classique nous a
habitués et plus proches d'une cursive gothique que nous étudierons
bientôt chez Graphos.
Découvrez donc dans cet ouvrage les liens qui ont perduré
tardivement entre typographie et calligraphie, les influences
réciproques (si, si) entre ces deux modes de production du texte
écrit, cela vous donnera bien des idées et des modèles desquels
vous inspirer pour calligraphier ce caractère un peu oublié du
corpus calligraphique habituel. Les nombreuses illustrations sont
accompagnées d’un texte remarquable de Rémi Jimenes qui met
parfaitement en valeur à la fois la naissance, l'évolution et
l’utilisation typographique de ce caractère mais aussi les
influences de et sur la calligraphie de cette cursive, bien loin
des modes d'inspirations qu’y puiseront plus tard Hermann Zapf ou
Alan Blackman.
Bref, pour une fois un ouvrage qui met en lumière les nombreuses
interrelations entre typographie et calligraphie et une bien belle
source d’inspiration pour nous autres scribes.
>[Sylvie Litté]
Il est bien trop rare que les éditeurs modernes –entendons, les
éditeurs d’aujourd'hui– accordent suffisamment d’importance à la
«mise en livre» des manuscrits qui leur sont confiés. Pourtant, les
travaux d’histoire du livre montrent bien non seulement que le
texte ne saurait exister seul, mais que le livre en tant qu’objet
apporte au lecteur, par les dispositifs matériels qu’il met en
œuvre, bien autre chose que le seul texte. «Mettre en livre» avec
compétence et élégance un livre qui traite précisément d’un aspect
de la «mise en livre», à savoir l’histoire du caractère
typographiques, est tout particulièrement bien venu.
On ne peut par conséquent qu’être reconnaissant à l’éditeur Atelier
Perrousseaux de l’ouvrage que Rémi Jimenes a consacré aux
Caractères de civilité d’avoir réussi à nous offrir un livre dont
l’élégance formelle se combine avec un contenu textuel de qualité.
L’étude de la typographie et des caractères reste trop peu
développée en France, et encore mal intégrée aux travaux d’histoire
générale du livre –une exception remarquable étant bien évidemment
celle du Musée de l’imprimerie dirigé par Alan Marshall à Lyon.
L’exposition d’Écouen sur Geoffroy Tory et son Champfleury
constitue aussi, en ce moment même, une excellente occasion
d’approcher ce domaine.
Rémi Jimenes, doctorant au CESR de Tours, définit les caractères de
civilité, alias lettre française d’art de main, comme « une
typographie gothique reproduisant l’écriture cursive qu’employaient
les hommes de plume français au milieu du XVIe siècle » (p. 10).
Histoire et civilisation du livre donnera de cet élégant volume un
compte rendu circonstancié, mais le sommaire que nous publions
ci-dessous donne une bonne image d’un contenu présenté à la manière
d’une pièce de théâtre classique.
La sortie du beau livre de Rémi Jimenes sur les caractères de
civilité était attendue avec impatience par de nombreux
bibliophiles. Il vient heureusement compléter la série d’ouvrages
d’Yves Perrousseaux sur l’histoire de la typographie.
La tâche était ambitieuse, aucun ouvrage en langue française de
cette ampleur n’avait encore couvert le sujet, un comble pour un
art typiquement français !
Sa lecture est un vrai plaisir ; on y apprend des tas de choses
sur les « lettres françaises d’art de main », des origines à ses
développements successifs (je dirais même ses mutations) jusqu’au
XIXe siècle. On savait le style de ces caractères dérivé des
écritures de chancellerie. Une nostalgie de copiste, pourriez-vous
penser, que nenni ! Il s’agissait, au contraire, d’une volonté
délibérée des humanistes de la Renaissance de « faire moderne » et
d’affirmer la grâce et le caractère (c’est le cas de le dire !) des
lettres françaises sur les italiennes.
Si Geoffroy Tory, le précurseur, défend la langue française, qui
n’a rien à envier en beauté à la latine, c’est pourtant aux
caractères romains qu’il s’attache à fixer les justes proportions.
Il avait bien envisagé de traiter en parallèle des lettres
françaises: « Si j’eusse pu trouver mention par écrit de nos
susdites lettres de forme et bâtardes … je les eusse mis en ordre
selon leur due proportion ». Et oui, seulement, il ne risquait pas
d’en trouver en 1529, le bougre, puisque c’est Robert Granjon, en
1557, qui, le premier, publia un ouvrage en cursive gothique !
A l’origine de toute typographie il y a une écriture manuscrite
que le graveur prend pour modèle, le style italique de Griffo des
éditions aldines cherchait aussi à se rapprocher de l’art
inimitable de la main. Mais les caractères de civilité se
rapprochent plus fidèlement encore de la souplesse des lettres
cursives ; à l’origine, ce sont des variantes de la gothique
bâtarde (ce qui est plutôt paradoxale car l’écriture gothique
n’était plus à la mode depuis quelques décennies, au point que
Pétrarque écrivait déjà qu’elle avait été inventée pour autre chose
que pour être lue !). Ensuite, il faut un modèle, les Maitres
d’écriture royaux sont de bons candidats ; Pierre Habert,
calligraphe et valet de chambre du Roi, a pu inspirer Granjon,
tandis que Pierre Hamon, calligraphe réputé, a inspiré Philippe
Danfrie.
Il faut avoir l’œil exercé pour distinguer tel type à tel autre,
mais comme les autres ouvrages de la série, celui-ci est très
pédagogique et il vous donne l’inventaire des différents types,
comme ceux de Granjon, par exemple : les capitales, les bas de
casse, les ligatures, les finales. Voilà l’art de main décodé
!
Cette nouvelle typographie sera contrefaite malgré le privilège
dont bénéficie Granjon pour 10 ans, et se diffusera rapidement, en
France mais aussi à l’étranger, notamment dans les pays du Nord.
Pourtant, le caractère de civilité ne parviendra jamais à
supplanter les lettres romaines. Il est d’un usage plus difficile
pour l’imprimeur, et le crénage des types les rend fragiles à la
presse.
Ce que le livre de Rémi Jimenes montre bien c’est la fortune en
dent de scie de cette typographie. A la mode de 1560 à 1620, elle
disparait presque complètement au XVIIe siècle, pour revenir en
force au début du XVIIIe siècle. Seule exception confirmant la
règle, le météore Pierre Moreau, qui invente une nouvelle
typographie tirée des arts de la main, selon une démarche proche de
celle de Robert Granjon. Mais il appartient à la corporation des
Maitres-écrivains et non à celle des imprimeurs et son expérience
sera vite brisée par ces derniers.
Le gothique cursif s’offre donc un come back tonitruant dans les
années 1730 grâce à Jean Baptiste de la Salle, le fondateur des
Ecoles Chrétiennes, qui publie en 1703 Les Règles de la Bienséance
et de la Civilité Chrétienne. Cette fois le pli est pris, il
deviendra difficile ensuite de publier un livre de civilité qui ne
soit pas composé avec ces caractères, sauf bien plus tard, lorsque
les éditeurs ne verront plus de motifs à suivre un style que plus
personne n’utilise et ne lit facilement. C’est l’âge d’or de la
civilité, plus de 200 ouvrages ont été comptabilisés entre 1703 et
1863 !
Les lettres sages et bien alignées de Granjon et de ses suiveurs
étaient principalement réservées aux textes officiels, aux
ordonnances, privilèges et autres épitres dédicatoires, mais le
Gothic Revival de la période suivante touchera surtout les éditions
populaires et la production de colportage : mauvais papier, souvent
manipulés par les enfants, reliures modestes (si on excepte le
maroquin bleu de Duru pour l’exemplaire du Baron Pichon des Règles
de la Bienséance !). Ces manuels faisaient coup double, celui
d’enseigner les règles de savoir-vivre en même temps que l’écriture
manuscrite. L’ouvrage montre bien les cousinages entre la
typographie de civilité et les manuels de calligraphie destinés à
enseigner l’art de bien former les lettres, la ronde et la
bâtarde.
On regrette juste que cette partie consacrée aux productions
proprement calligraphiques des Maitres-écrivains, les Louis
Senault, les Honoré-Sébastien Roillet, etc, ne soit pas plus
développée. Sans doute par ce que leurs ouvrages étaient plus
souvent gravés que typographiés.
A la fin de l’ouvrage un appendice donne un inventaire utile des
principales éditions de livres scolaires rédigés avec des
caractères de civilité, depuis les Règles de la Bienséance de JB de
la Salle, pour qui voudrait commencer une collection de ces
impressions pittoresques.
Impossible de traiter sur une seule page, fut-elle internet, de
toute la richesse du livre de Rémi Jimenes, Le mieux reste de le
lire. Bon, je vous laisse, et j’y retourne…
C'est un réel plaisir de vous présenter l'ouvrage fraîchement
paru de l'un des premiers lecteurs du blog, Rémi Jimenes. Son
ouvrage Les Caractères de civilité, Typographie et
calligraphie sous L'Ancien Régime, vient effectivement de
paraître à éditions Atelier Perrousseaux Editeur (29,50€), et il
est superbe.
J'ai déjà eu l'occasion de le
feuilleter pendant toute une soirée et j'attends avec impatience
d'avoir un peu de temps pour me plonger dans ce qui me semble déjà
être un nouvel ouvrage de référence sur le sujet. Mais pour vous
donner une première impression, c'est vraiment très très
intéressant même pour le non spécialiste que je suis. C'est très
bien écrit, et on se laisse porter par l'histoire dans l'Histoire.
J'aime beaucoup.
Rémi étant un fidèle du blog, il
a accepté de se prêter au petit jeu de l'entretien pour les
lecteurs du blog, afin de nous en dire plus sur lui, ses recherches
et son ouvrage.
Rémi, quel a été ton parcours
jusqu'à la parution de l'ouvrage?
Après deux
années de khâgne à Orléans et une licence d'histoire, je me suis
orienté vers un master en histoire du livre à Tours, au Centre
d’études supérieures de la Renaissance. J’y ai consacré mon mémoire
à la carrière de Charlotte Guillard, veuve des imprimeurs Berthold
Rembolt et Claude Chevallon. Je poursuis aujourd’hui cette
recherche en doctorat. Parallèlement je collabore au projet de
numérisation des Bibliothèques Virtuelles Humanistes.
Comment
l'idée de cet ouvrage a-t-elle germé?
À la fin de
l’année 2009, j'ai été mis en contact avec Yves Perrousseaux, qui
recherchait des photographies pour illustrer son Histoire de
l'écriture typographique. Comme je m'intéressais à l’histoire
de la calligraphie, il m'a demandé quelques renseignements sur le
sujet, avant de me proposer la rédaction d'un livre consacré aux
rapports entre typographie et calligraphie. Ce vaste sujet
dépassait de loin mes modestes compétences. Cependant, depuis
plusieurs années je rassemblais de la documentation sur les
caractères de civilité. J’ai donc proposé à Yves d’aborder les
rapports entre typographie et calligraphie à travers l’histoire de
la lettre de civilité.
Mais
que sont les caractères de civilité ?
Gravés par
Robert Granjon en 1557, les caractères de civilité imitent la
gothique cursive des secrétaires français de la
Renaissance.
Cette
typographie est surtout connue pour l’utilisation qu’en ont faite
les imprimeurs aux XVIIIe et XIXe
siècles : le caractère ne servait plus alors qu’à imprimer des
manuels de savoir-vivre et de bienséance, qui ont donné leur nom à
cette typographie. Mon livre rejoint ceux d'Yves Perrousseaux
dans la collection « Histoire de l'écriture
typographique ». Cette collection, bien connue des amateurs
comme des professionnels, rassemble des ouvrages de référence
copieusement illustrés. Les derniers volumes sont tous imprimés en
quadrichromie.
L'ouvrage
est en effet magnifique, qu'apporte-t-il à l'histoire des
caractères de civilité?
Plusieurs
auteurs s'étaient auparavant intéressés à l’histoire des caractères
de civilité. En 1966, Harry Carter et Hendrik Vervliet ont publié
en anglais un livre entièrement consacré au sujet. Leur livre, qui
recense les polices gravées à la Renaissance et étudie leurs
origines, demeure une référence incontournable. Il n'était bien sûr
pas question pour moi de « refaire » le Carter-Vervliet,
mais d’adopter une approche différente du sujet : d'une part,
en ne m'intéressant pas exclusivement au graphisme des caractères
mais à leur utilisation par les imprimeurs (pour quels textes?) et
à leur réception par le public (avaient-il du succès?) ; et
d'autre part, en élargissant le cadre chronologique de cette
enquête.
On connaît
bien l’histoire de l’invention de cette typographie, mais on
n’avait pas encore regardé précisément ce qu'elle devenait aux
XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cet élargissement du cadre
chronologique m’a permit de montrer que les caractères de civilité
disparaissent totalement des presses françaises dans la seconde
moitié du XVIIe siècle, pour ne réapparaître qu'en 1703 avec la
publication des Règles de la Bienséance et de la Civilité
chrétienne de Jean-Baptiste de La Salle.
Il m’a alors
paru intéressant d'interroger les causes de cette disparition et
les raisons de la «résurrection» de cette typographie en 1703.
Malgré leur apparent archaïsme, les caractères de civilité étaient
employés pour des motifs pédagogiques clairement définis.
Un autre
volet important de mon travail est sans doute la mise en relation
de la typographie avec l’histoire de la calligraphie. La variation
des modes calligraphiques en France du XVIe au XIXe siècle, le
passage de l'écriture gothique à la ronde, puis de la ronde à la
coulée et enfin à l'anglaise, a naturellement affecté l'utilisation
des caractères de civilité qui servaient non seulement pour
l’apprentissage de la lecture, mais également pour l’apprentissage
de la calligraphie. J’ai ainsi volontairement profité de l’occasion
pour donner quelques précisions sur l’histoire, finalement mal
connue, de la calligraphie française sous l’Ancien Régime.
Je présente
également quelques modèles d’écriture tirés non pas des grands
manuels d’Alais de Beaulieu, Saintomer ou Royllet, ces rolls-royce
de la calligraphie, mais tirés de petites brochures rares et peu
connues, celles qu’avaient précisément dans les mains les enfants
des classes populaires.
(...)
Article dans la revue Plume mars-mai 2011
Article de "La Marseillaise"
Le Pays de Forcalquier-Montagne de
Lure est ancré dans l'histoire de la typographie. Le
village de Lurs y accueille «Les Rencontres
Internationales de Lure», créées en 1952 par
MaximilienVox et, plus récemment, la
Communauté de Communes a été labellisée «Pays du Livre
et de l'écriture», dans le but de fédérer les professionnels du
livre et de leur donner les moyens d'exercer leur activité. Après
avoir habité Forcalquier, YvesPerrousseaux est maintenant installé à
Reillanne: «Actuellement à la retraite, j'occupe mon
temps, avec un plaisir certain,à réaliser une Histoire de
l'écriture typographique, en plusieurs tomes, de
Gutenberg ou 20' siècle». Le Bas-Alpin explique
qu'«une telle démarche n'avait pas été réalisée depuis les travaux
de FrancisThibaudeau au début des années
1920. Je veux transmettre, d'une façon didactique, ce patrimoine
culturel mal connu, en France du moins,qui a fixé à travers les
époques,les modes et l'évolution des techniques, la pensée de
l'homme dans le livre et d'une façon plus générale dans l'imprimé».
L'ensemble de cette Histoire de l'écriture typographique,
en plusieurs volumes,est conçu pour proposer une vision générale et
complète du sujet. C'est en quelque sorte une véritable
encyclopédie de la typographie,et c'est une première dans le
monde.«De gros problèmes de santé m'ont fait perdre plus de deux
ans,continue YvesPerrousseaux. Mais que les lecteurs
se rassurent : le troisième volume vient de paraître, le quatrième
est en préparation,il sera consacré au 19e
siècle...»
L'atelier Perrousseaux l'éditeur vient de s'offrir
une cure de jouvence et arbore, désormais un nouveau
logo, remis à jour de la première livrée créée
par YvesPerrousseaux à la fin des années
1960,dans le que l'on retrouve toujours le hibou,vénérable emblème
de la maison. Ce changement n'est pas uniquement cosmétique,
puisqu'il préfigure la nouvelle ligne éditoriale de
Perrousseaux pour 2011. En effet,outre les ouvrages de
typographie et de graphisme qui continuent d'être le
cœur de la collection, l'année qui vient verra arriver
également deux nouvelles sous-catégories au sein du catalogue:
Bandes dessinées et Internet. La collection Bandes
dessinées présentera des ouvrages d'analyse et de réflexion autour
du 9"art, point de convergence logique des thèmes chers à l'atelier
Perrousseaux (l'image et le langage) ; les deux
premiers titres,Entre l'élite et la plèbe de
Jean-NoelLafargue et L'espace blanc
entre les cases de StéphaneDeschamps, sortiront en fin d'année 2011. L'autre
nouveauté, la collection Internet, aura pour but
d'éditer des ouvrages de typographie adaptés et destinés aux
développeursWeb, répondant clairement à
des problématique en perpétuelle évolution. Les deux premiers
titres, qui traiteront de la Lisibilité de la typographie sur
Internet et des Grilles & de la
macro-typographie de la page Web,
signés respectivement par AurélienFoutoyet et Anne-SophieFradier, seront publiés à la fin 2011.
Article dans Tm rsi stm 2010-06
«L'écriture chinoise» _ Tel est le titre du septième
cahier de la collection KitabTabulae,
publiée sous la férule de StéphaneIpert,
directeur du Centre de conservation du livre d'Arles,
coédité par l'Atelier Perrousseaux. Il
s'agit de la traduction française d'un ouvrage rédigé en
anglais par OliverMoore.
S'il semble peu probable que l'écriture soit apparue en Chine à
l'époque néolithique (vers 6000'1700 av.
J.C.), on estime, en revanche, que la véritable
écriture chinoise émerge dans l'Etat Shang en 1200 av.
J. oc. Ce livre présente en conséquence un des plus anciens
systèmes d'écriture au monde. Il rassemble, de façon intéressante,
les principes de base du langage et ceux de la formation et de
l'évolution des caractères chinois. A partir de
nombreux exemples révélés par l'archéologie et le témoignage de
documents conservés dans les musées, l'auteur décrit
chronologiquement les principales écritures chinoises, toujours en
usage.
Enseignant actuellement l'art et la culture de la Chine à
l'Institut de sinologie de l'Université de Leyde,
OliverMoore a précédemment
œuvré au Département of Oriental
Antiquities du BritishMuseum. C'est un spécialiste de l'écriture, de
l'épigraphie et des objets en bronze chinois.
(...)
Aborder, par cette pertinente édition de base, le système
d'écriture propre à l'immense étendue géographique que représente
la Chine, cela invite à la réflexion, voire incite à
l'approfondissement.