François Richaudeau
« Chacun de nous, qui nous occupons de lecture, doit tellement à François Richaudeau que nous ne pouvons rester indifférents à aucune publication d'un homme qui a consacré sa vie, non seulement à étudier le comportement des lecteurs, mais à chercher à le comprendre, tant par ses propres travaux qu'à travers les recherches des autres, mais surtout à rendre plus aisé et plus efficace le contact entre le lecteur et l'écrit. À ceci il a travaillé autant en mettant au point des techniques de lecture (qui a oublié La Méthode complète Lecture rapide Richaudeau ?), qu'en fabricant des textes (en tant qu'auteur) et des supports de textes (comme éditeur), mettant en pratique les résultats des recherches entreprises. »
Gérard A. Castellani, directeur d'École normale et d'Institut Universitaire de Formation des Maîtres.
François Richaudeau, éditeur, chercheur, auteur, est né en 1920. Titulaire d'un diplôme d'ingénieur Arts et Métiers et d'un doctorat d'État de l'Université, il a créé le Centre d'Etudes et de Promotion de la Lecture et son laboratoire qui étudie les comportements de lecteurs en fonction des typographies utilisées, des mots, des phrases et des styles de textes de natures variées. Il en déduisit des conséquences originales (et qui vont parfois à l'encontre des préjugés de l'époque) sur les choix des caractères, sur les règles de mise en pages, sur les écritures des phrases, avec les conséquences importantes dans les domaines de l'édition et de l'enseignement, notamment celui de la lecture. François Richaudeau a créé les Éditions Retz qui publièrent, entre autres, la célèbre revue Communication et langages. Il a créé la collection des Encyclopédies du savoir moderne dont les structures multifonctionnelles préfigurent celles des hypertextes informatiques. L'un des titres, La chose imprimée, devenu le grand classique en la matière, a été réédité et actualisé sous le titre De la chose imprimée à Internet, aux éditions Retz.
François Richaudeau est décedé le 27 février 2012.
Hommage d'Actes de lecture de Jean-Marie KROCZEK
François RICHAUDEAU est décédé le 27 février 2012. Il était membre de I'AFL qui doit beaucoup à ses travaux sur la lecture et l'écrit en général et qui tient à rendre hommage à cet homme simple et d'abord modeste, à ce chercheur aux préoccupations multiples, à cet érudit aux passions éclectiques. On lira donc une biographie de François Richaudeau par Jean-Marie Kroczek, Président de la bibliothèque pédagogique François Richaudeau, biographie accompagnée d'extraits des allocutions de plusieurs de ses amis qui étaient, il n'y a guère, réunis pour fêter ses 90 ans. Une façon de présenter quelques aspects d'une personnalité attachante et d'évoquer la diversité de ses recherches.
UN DECOUVREUR ATYPIQUE
« Seigneur des lettres », François Richaudeau a eu un parcours complexe : titulaire d'un diplôme d'Ingénieur Arts et Métiers, il était spécialisé, au départ, dans l'industrie graphique et travaillait dans une Importante imprimerie. Il est devenu éditeur, chercheur et auteur. Docteur d'État de l'Université, il a créé le Centre d'Études et de Promotion de la Lecture et son laboratoire qui étudia les comportements de lecteurs en fonction des typographies utilisées, des mots, des phrases et des styles de textes de natures variées. Il en tira des conséquences originales sur les choix des caractères, sur les règles de mise en pages, sur les écritures des phrases, avec les conséquences importantes dans les domaines de l'édition er de l'enseignement, notamment celui de la lecture. Son ouvrage La lecture rapide a connu un succès fulgurant dès sa publication et constitue une solide référence pour mieux comprendre l'acte de lire. François Richaudeau a également créé les Éditions Retz qui publient de nombreux ouvrages dans le domaine des sciences sociales et des revues, notamment : Communication et langages. Il a créé la collection des Encyclopédies du savoir moderne dont les structures multifonctionnelles préfigurent celles des hypertextes informatiques auxquels il s'intéressait vivement malgré la cécité qui l'a frappé, il y a six ans. Ses amis des rencontres internationales de Lure le surnommaient « Le Prince de la typographie ». Il est, en effet, l'un des co-fondateurs des Rencontres internationales de Lure qui réunissent, chaque année, depuis les années 50, typographes, graphistes, imprimeurs pour débattre de leur pratique, les promouvoir et les perfectionner et conduire des recherches sur les moyens et les nouvelles techniques de communication. La chose imprimée, devenu le grand classique en la matière, a été rééditée et actualisée sous le titre Encyclopédie de la chose imprimée, du papier à l'écran, aux éditions Retz. Doté d'une extraordinaire mémoire, cet homme de culture et d'érudition, dans la pure tradition des philosophes du siècle des Lumières, a vécu plusieurs vies professionnelles et s'est intéressé à des domaines très diversifiés de la connaissance et des sciences mais ses recherches touchant aux langages, aux schémas, à la communication et aux réseaux en constituent le fil conducteur. Toujours en éveil, il a eu, jusqu'à son dernier souffle, des projets. Son dernier livre représente une forme de bilan et reprend sous une forme originale kadéléiscopique ses réflexions sur divers sujets. Le nom de François Richaudeau, lorsqu'il est connu, est le plus souvent associé à sa méthode de lecture rapide.
Pour mesurer la pertinence et les apports irremplaçables du père de la lecture rapide, il suffit de se rendre sur Internet et de saisir les mots clés « Lecture rapide ». On y trouve des propositions de séminaires de formations, des tests, des exercices, des programmes de perfectionnement qui s'inspirent directement de la méthode complète sans toujours mentionner leurs sources. Dès le premier lien sur Wikipédia, trois noms sont cités : Émile Javal, Franck Smith et François Richaudeau. Grâce à leurs travaux, (le cerveau, les mécanismes d'apprentissage, les processus mentaux d'anticipation du sens d'un texte sont mieux compris et peuvent encore éclairer nos capacités de vitesse de lecture, de perception visuelle, de notre anticipation et mémorisation).
François Richaudeau a, en effet, été le premier, en France, à opérer une révolution copernicienne dans les hypothèses concernant les processus de la lecture et par voie de conséquence son apprentissage et son enseignement.
Complétant les travaux d'Émile Javal datant de 1900 et bénéficiant des avancées techniques et des théories perceptivo-cognitives, il a consacré une grande partie de ses travaux à définir la lisibilité et à analyser les mécanismes en jeu dans la perception visuelle au cours de la lecture. Des expériences conduites dans son laboratoire de Lille, à la fin des années 1960, ont permis de révéler quelques uns des secrets des lecteurs rapides.
L'ère de l'informatique, le mouvement d'innovation pédagogique à la fin des années 1970 devaient conduire l'AFL à imaginer dans le prolongement des travaux du père de la lecture rapide des outils d'entraînement à la lecture. Tirant la quintessence des travaux de François Richaudeau, ELMO reprenait une partie des exercices imaginés pour la lecture rapide sur support papier en utilisant les nouvelles possibilités de l'informatique : dynamique de l'écran, chronométrage, évaluation intégrée dans le programme.