Pierre Gastal
Quotidien Présent, article de François Bergeron
Celtitudes
Cela fait 20 ans que Pierre Gastal, ancien professeur d'histoire, travaille sur la langue gauloise, sur les racines celtiques de la langue française.
Il avait publié il y a quelques années un dictionnaire gaulois-français, dont l'usage pratique est certes limité - peu de gens pratiquent le gaulois (sans doute personne, et ne parlons même pas de l'accent!) et il n'y a rien à traduire, faute d'écrits gaulois - mais qui a le mérite de nous permettre d'apprécier l'ampleur de racines celtiques de notre langue. Cette prise de conscience n'est pas neutre. Gastal cite Vaclav Havel: « Tout pays, tout dirigeant qui brûle ne serait-ce qu'un peu de sa culture porte un coup à la société tout entière. » En ces temps de franglais et de wokisme (pratiqués certes par une frange minuscule de gens, mais à visées totalitaires), il est bon de se rappeler cette formule de l'ancien président tchèque, qui avait connu, lui, le totalitarisme communiste. Bien entendu l'arabe a aussi alimenté la langue française, mais beaucoup plus tardivement, et, n'en déplaise aux adeptes du multiculturalisme à tous crins, dans des proportions bien plus modestes.
L'auteur nous rappelle que « les mots sont la première histoire d'un peuple », et que l'histoire de France commence donc là. Car la langue celte, puis sa transcription en caractères grecs ou étrusques vers le IVe siècle av. J.-C., — et ensuite en latin, ont contribué à une mémorisation du passé et à sa transmission, nous explique Pierre Gastal.
Le latin « par snobisme ou opportunisme »
La première partie de l'ouvrage Nos racines celtiques répond aux nombreuses énigmes que pose cette langue. Et la question qui vient d'abord à l'esprit est celle-ci : pourquoi la langue gauloise a-t-elle disparu ? Parce que l'enseignement des druides fut interdit par les empereurs Tibère puis Claude. Parce que le latin était devenu, dans la Gaule colonisée, la langue des affaires, de l'administration, de la politique et de l'armée. Parce que, « par snobisme ou opportunisme », nous dit Pierre Gastal, les Gaulois se romanisèrent en quelques générations: en quatre générations seulement, révèlent par exemple les inscriptions de l'arc de triomphe de Saintes, qui mentionnent l'ascendance de son constructeur d'origine gauloise, et l'évolution des patronyme a partie du livre correspondant à l'exacte définition d'un dictionnaire nous montre que notre langue ne tire pas son origine essentielle du celte, mais du latin. Cependant beaucoup de mots celtes ont été latinisés, et de ce fait l'influence celte sur notre langue est très large, même si elle est parfois indirecte.
Il y a aussi des mots courants de la langue française qui proviennent directement du celte comme le mot ardu (élevé, pentu), qui a pris Je sens de« difficile», en français ; ou encore le mot bassos (inférieur), qui est devenu « bas», et bien évidemment des mots comme auroch, barde, braies, druide ou vergobret.
Les noms de lieux, de villages, de paysages de notre pays-ce que l'on appelle les toponymes sont le plus souvent d'origine gauloise, il en est de même pour beaucoup de noms propres. Pour le constater, il faut se reporter à un autre ouvrage du même auteur : Noms de lieux de l'espace français, paru pendant le confinement. Ajoutez à ces noms gaulois les noms d'origine romaine et ceux d'origine chrétienne (noms de saints, pour les villes, les lieux-dits, les points caractéristiques d'un paysage), et vous couvrez à peu près le champ de la toponymie française.
Renouer avec nos racines
Quelques exemples ? Brive, qui vient du celte briva (le pont), Lyon, du celte lug (la lumière), bun, du gaulois duno (bourg fortifié), Chambon, du gaulois cambo, (courbe ou méandre), etc.
Trouver les racines de nos mots, c'est renouer avec les racines du peuple que nous formons. Et ceux que passionne la langue française, et, au-delà, l'origine des mots - et il y en a beaucoup parmi nos lecteurs -, apprécieront ces deux ouvrages faits certes pour des érudits. Mais nos lecteurs le sont bien souvent.
Ouvrages associés :
Noms de lieux de l'espace français
Ebook : Racines celtiques
Nos racines celtiques
L'origine du nom Calvados
Atin de satisfaire votre intérêt pour la langue gauloise, je vous invite à vous procurer chez Adverbum à Gap, le livre de M. Pierre Gastal «Nos racines celtiques, du gaulois au français» qui vous révèle ses secrets. Vous prendrez comme moi, beaucoup de plaisir à lire ce fruit de vingt ans d'un labeur passionné qui foisonne d'informations. L'auteur y explique les transformations qu'ont connues les racines gauloises parfois déformées par des ignorants, mais qui sont restées dans notre français, dissimulées sous des maquillages que seuls les linguistes chevronnés sont capables de débusquer et de nous révéler. Merci à eux !
Ouvrages associés :
CEP n°67
La langue parlée par les Gaulois est peu étudiée, puisqu'on enseigne que le français aurait sa source dans le latin.
Professeur honoraire d'histoire, conférencier, Pierre Gastal travaille depuis près de vingt ans sur la langue gauloise. Il en est à sa seconde publication.
La première partie de l 'ouvrage est consacrée aux maigres connaissances que l'on a de cette langue celte essentiellement orale, aux différentes pistes d'approche et d'interprétation, aux interférences avec d'autres langues anciennes. On découvrira au fil
des pages des clés de compréhension nouvelles du parler si méconnu de nos ancêtres des Gaules. Les ouvrages de référence publiés jusqu'ici s'appuient essentiellement sur les textes et accessoirement les toponymes. Le mérite de Pierre Gastal a été de
rechercher patiemment et finalement de découvrir dans les termes dialectaux de nos régions, principalement dans le domaine occitan, une foule de mots gaulois attestés par leur similitude de forme et de sens avec le celtique insulaire. Au passage, il relève dans la région alpine des termes qui ne peuvent être que ligures, mais qui sont passés par le gaulois pour arriver jusqu’à nous.
Suivent des pages sur les causes, la géographie, l'époque de l'abandon du gaulois, langue qui a laissé pourtant des traces nombreuses dans nos montagnes.
On passe ensuite à un exposé systématique du vocabulaire par catégories de mots, de la morphologie, de la syntaxe, l'évolution de la prononciation, du moins ce que l'on peut en dire. Quelques pages sont consacrées à la survivance de coutumes celtiques.
Le livre comporte un dictionnaire de plus de 700 entrées effectives, dont 38 verbes, ce parent pauvre de nos connaissances gauloises, mais aussi : un lexique français-gaulois, les mots français d'origine gauloise, une chronologie très complète d'histoire de la Gaule jusqu'à Clovis, une notice biographique des principaux auteurs anciens cités, un index général (langues, auteurs, personnages historiques, divinités, termes géographiques), un glossaire et pour finir une consistante bibliographie.
Nos racines celtiques est non seulement un nouveau regard, mais aussi une véritable synthèse des connaissances actuelles sur la langue et la civilisation gauloises.
Ouvrages associés :
La Gazette de l'Ours
Encore une pincée de celte ?
(...) Spécialiste reconnu de cette époque, M. Gastal vient de publier aux éditions Désiris, sous le titre «Nos racines celtiques, du gaulois au français», un livre qui résume tout ce que l'on sait aujourd'hui sur «nos ancêtres les Gaulois».
Ces Gaulois qui n'étaient nullement les «barbares» décrits par les historiens d'il y a un siècle, à commencer par le célèbrissime Ernest Lavisse. Nous savons aujourd'hui que c'étaient des artisans accomplis dans bien des domaines, reconnus comme tels par des auteurs de l'époque, et que l'image ressassée des Romains apportant la civilisation aux Gaulois est, tout simplement, fausse.
Le sous-titre «Dictionnaire» du livre de M. Gastal met l'accent sur le contenu linguistique de ce remarquable ouvrage. Mais c'est en fait une véritable encyclopédie sur les Gaulois, nos Celtes à nous, qu'il nous offre...
Leur langue, contrairement à ce que l'on a pu croire, n'était pas seulement orale. Mais elle n'a été écrite que par les druides et pour que leurs élèves puissent apprendre par coeur ce qu'ils devaient savoir .. Les Gaulois aimaient discourir, et leur culture était une culture de la parole .. Au début du 1er siècle avant J.-C, ce sont deux Gaulois qui ouvrent à Rome les premières écoles de rhétorique. Le jeune César et Cicéron plus âgé les fréquentent ! Quand ils doivent écrire, les Gaulois le font en lettres grecques, puis en latin après l'occupation de la Gaule.
«L'inventaire des écrits gaulois reste largement frustrant» constate Pierre Gastal, qui consacre un passage à ceux que l'on a trouvés, notamment le plomb du Larzac, découvert en 1983, qui comporte plus de 160 mots en cursives latines, sans doute des formules magiques, destinées à détourner un mauvais sort. M. Gastal ne croit guère à l'apparition d'un équivalent de la célèbre pierre de Rosette, qui ferait voisiner un texte gaulois et sa traduction en latin ou en grec.
Les auditeurs de 2011 retrouveront dans ce livre toute la richesse de son analyse du vocabulaire gaulois, rapproché d'autres langages celtiques, le breton, l'irlandais, l'occitan, etc. En matière de noms de lieux, ses connaissances apparaissent inépuisables. Cher lecteur, vous situez sans aucun doute les villes aux noms gaulois de Narbo et de Carcasso. Mais quid d'Avaricum, Burdigala, Nemausus (Bourges, Bordeaux, Nîmes).? Ces noms ont un sens. Prenez Amiens : son nom gaulois Samarobriva signifie «le pont sur la Somme». Il en va de même des noms de personnes : Vercingétorix signifiait, excusez du peu, «le grand chef des guerriers». Pierre Gastal note au passage avec humour que les terminaisons en -ix sont beaucoup plus rares que ne le ferait croire la lecture de certaine bande dessinée.
Sur les rapports entre les langues celtiques, le passage de l'une à l'autre, son livre nous apprend mille choses. Un sac se dit BULGA en gaulois, BOLG en ancien irlandais, BOJA en occitan, BOLSA en espagnol, BOGUE et BOGETTE en français, ce dernier mot étant passé, on le sait, en Angleterre avec les Normands pour nous en revenir sous la forme de BUDGET ...
C'est donc une très savante leçon de sémantique que nous propose le Professeur Gastal. Mais il faut lire aussi les passages de son ouvrage consacrés à l'histoire des Gaulois, à leurs coutumes telles que les feux de la Saint Jean, à la localisation des tribus dans l'Hexagone. Toutes cho.ses parfaitement inconnues jadis, et que Pierre Gastal nous fait connaître, en attendant de nouvelles découvertes des archéologues.
Ouvrages associés :
Dauphiné
En 2003, Pierre Gastal publiait son premier livre intitulé, "Sous le français, le Gaulois!". Dix ans plus tard, l'émérite professeur d'histoire et conférencier valentinois, fait paraître chez l'éditeur Désiris un imposant dictionnaire intitulé "Nos racines celtlques" (sous-titré: du gaulois au français). Depuis 20 ans, Pierre Gastal étudie et travaille sur la langue gauloise et souligne: «Essentiellement oral, le gaulois est donc très mal connu. Je me suis attaché à rechercher et découvrir dans les termes dialectaux de nos régions (principalement occitans) une foule de mots gaulois que je livre dans ces pages». L'ouvrage contient également un lexique franco-gaulois, des mots français d'origine gauloise, une chronologie de l'histoire de la Gaule, un index général, une bibliographie et un glossaire, etc. En quelque 330 pages, l'auteur nous fait redécouvrir au travers de sa langue une civilisation, loin de la simple imagerie scolaire, par une véritable synthèse des connaissances actuelles. ll nous entraîne également à redécouvrir des mots usuels actuels issus du gaulois. Nos ancêtres les Gaulois nous ont légué beaucoup plus que ce que l'on croit habituellement. (...)
Ouvrages associés :
Keltia n°30
Pierre Gastal avait publié en 2002 aux éditions Le Sureau un petit ouvrage fort intéressant et très accessible, Sous le français, le gaulois – Histoire, vocabulaire, étymologie, toponymie. Avec Nos racines celtiques – du gaulois au français, c’est un dictionnaire gaulois-français, précédé de 84 pages sur le gaulois (morphologie, syntaxe, déclinaisons, prononciation, catégories de m o t s . . . ) , beaucoup plus étoffé, qui rend compte de l’avancement de ses recherches. Sa prise en compte de l’occitan (l’auteur vit et publie dans le sud-est de la France) est un des points forts de son étude. Il offre une source complémentaire au Dictionnaire de la langue gauloise de Xavier Delamarre (Errance, 2008), et forme avec le dictionnaire de J.-P. Savignac un tandem comparable, toutes proportions gardées, avec les dictionnaires latins de Félix Gaffiot et Louis-Marie Quicherat.