Histoire de l'écriture typographique XIXe siècle, tome 1
Graphê n°56
Complément indispensable aux trois tomes précédents de la collection créée par Yves Perrousseaux, ce XIXe siècle français a été rédigé dans le même esprit et raconte l'histoire des «caractères d'imprimerie», de leurs usages et de leur implication cachée dans la culture occidentale. Le XIXe siècle typographique est marqué par le foisonnement et l'excès, par des oppositions d'austérité et d'extravagance, par la cohabitation de livres romantiques et de livres industriels et par de nouveaux codes d'usage de la typographie. C'est le siècle où la typographie devient art et industrie.
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Graphê
Histoire de l’écriture typographique : le XIXe siècle français
Un livre par Jacques André et Christian Laucou
Ce livre de 384 pages, abondamment illustré, est beau et agréable à lire, il succède aux trois volumes qui avaient été écrits par Yves Perrousseaux avant de décéder en 2011, ceux-ci couvraient la période allant de Gutenberg à la fin du XVIIIe siècle. Je me souviens l’avoir rencontré à des conférences données sur le « Princess Elizabeth », à côté du pont Mirabeau ; il était adhérent de notre association.
Les auteurs ont effectué un gros travail et doivent être salués pour ne pas avoir laissé cette œuvre sans suite. C’est assez récemment que j’ai lu ce livre paru en 2013.
L’ouvrage débute avec un chapitre consacré à la typographie anglaise. A la fin du XVIIIe siècle les grands caractères apparaissent dans les spécimens outre-Manche ainsi que les caractères gras, cela pour les affiches, il faut que l’on puisse lire de loin ; cela va se faire en France au début des années mille huit cents…
Très tourmenté (empires, royautés, républiques), le XIXe siècle a connu une importante révolution industrielle et aussi des besoins nouveaux, notamment la publicité sous différentes formes. Il a vu de nombreuses créations dans le domaine des caractères et des vignettes qui ont marqué cette période, parfois avec excès. Des spécimens sont édités par les fonderies et sont souvent des œuvres d’art, des nouveaux codes d’usage de la typographie apparaissent.
Ces années riches en inventions sont bien racontées au travers de la production proposée par la fonderie Gillé qui devient successivement celle de Balzac, puis de De Berny qui rejoindra celle des Peignot au début du XXe siècle. L’histoire des Didot, quarante-trois pages leur sont consacrées, l’Imprimerie nationale qui fut aussi royale et impériale, Louis Perrin et le renouveau des elzévirs, les fonderies nous offrent des textes et illustrations d’un grand intérêt, cela sans oublier les évolutions techniques…
Des pauses existent entre les chapitres, elles complètent les exposés sur la typographie : la gravure sur bois, les caractères gras et fantaisie, les lettres dessinées, les casses d’imprimerie et les manuels de typographie.
Cette histoire, plaisante et bien documentée, s’adresse aux professionnels mais aussi à un public aimant l’expression graphique pour ce qu’elle a représenté, représente encore pour l’éducation et le plaisir.
Livre (44,50 €) diffusé par les Ateliers Perrousseaux (www.perrousseaux.com).
Roger Bodin
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La typo du XIXe siècle - Comme nous l'avions annoncé après le décès d'Yves Perrousseaux, sa série d'ouvrages illustrés relative à l’«Histoire de l' écriture typographique»* connaît un prolongement.
Grâce à Jacques André, personnalité connue de la scène graphique francophone, allié à Christian Laucou, l' historique des caractères du XIXe siècle est sorti de presse. Il s'agit d'un fort volume (près de quatre cents pages), élaboré dans le même style que ceux de leur prédécesseur (même si l'approche me paraît plus «universitaire », renfermant moult détails). Lesquels supposent d'ardues et abondantes recherches (qui sont autant de découvertes pour le lecteur!), augmentées et enrobées d'une iconographie tout à fait remarquable.
Cette somme typographique d'importance renferme huit chapitres :
1. La typographie anglaise, de la fin du XVIIIe siècle au milieu du XIXe; 2. Les fonderies de Gillé, Balzac, Laurent, Deberny ; 3· Les Didot ; 4· La typographie de l'Imprimerie royale, impériale, nationale ; 5· Le renouveau des elzévirs ; 6. De la main à la machine (évolution de la fonte de caractères et de la composition typographique) ; 7· Fonderies françaises de 1840 à 1900 ; 8. Prémices du XXe siècle.
De surcroît, l'idée de « pauses », chère à Perrousseaux, a été reprise, formant près du tiers des pages. Elle sont consacrées à ces sujets : De la gravure sur bois aux vignettes polytypées - Variations sur la casse française et son rangement- Le gras et le livre - Les manuels typographiques - Les caractères de fantaisie - Les lettres dessinées. Un préambule signé par Didier Barrière (correcteur, responsable de la bibliothèque historique à l'Imprimerie Nationale, à Paris), une bibliographie et un index complètent le volume.
On comprendra qu' il n'est pas possible de couvrir, dans la présente rubrique, un ensemble aussi vaste. Ainsi se limitera-t-on à faire ressortir quelques éléments relatifs aux manuels typographiques - «témoins précieux de l'avancée technologique de leur époque».
Le premier ouvrage analysé est le Traité de l'imprimerie (1798) de Bertrand-Quinquet. A noter que cet auteur regrette de ne pas utiliser «les forces de corps en points» (ses mesures étant données dans le système métrique). Dû à Bonaventure Auguste Vinçard, L'Art du typographe (1806) fait ressortir une particularité : l'auteur se définit par le néologisme « typographiste ».
En 1817 paraissait un Manuel de l' imprimerie, sans nom d'auteur, mais édité par Farge. Deux seuls exemplaires sont répertoriés : un à l’Ecole Estienne et celui que Ladislas Mandel avait légué à la Bibliothèque de l'Arsenal.
Tiré à deux mille exemplaires et entièrement composé par Brun et ses deux fils, le Manuel pratique et abrégé de la typographie française (1825) a été publié chez Firmin Didot père et fils. Sa singularité : il ne comporte aucune division de mot en fin de ligne !
En passant outre d'autres éditions intéressantes, nous nous arrêtons enfin sur le Nouveau Manuel complet de typographie (1835). Pour une bonne raison : l'auteur s'appelle Antoine Frey. Il est Suisse, né à Zurich en 1789. Après un apprentissage à la Typographische Gesel/schaft, il avait rejoint Paris en 1806. Compositeur, puis prote et correcteur, il avait publié, en 1831, un pamphlet politique intitulé Les ultra-libéraux, qu'il avait signé en tant qu'« un des vétérans des ouvriers de Paris ». Le manuel mentionné (important!) est paru sous la forme de deux volumes à l enseigne de la célèbre Encyclopédie Roret. Antoine Frey fait partie de l'imposant groupe de typographes alémaniques qui ont pratiqué, voire enseigné, leur art dans la Ville Lumière**.
*Histoire de l'écriture typographique: tome 1 · «De Gutenberg au XVIIIe siècle >>; tomes II et III : «Le XVIIIe siècle >> d’Yves Perrousseaux ; ouvrage apparenté de Rémi Jimenes · <<Les caractères de civilité >>.
**Voir, dans le No 1/ 2012 des TM-RSI, l'article signé par Hans Rudolf Bosshard, intitulé <<Walter Hachler, der erste Schweizer Typograf in Paris >> (après la Seconde Guerre mondiale). L'auteur a recensé, entre 1945 et 1980, une cinquantaine de noms. Des personnalités qui ont influencé le style typographique dans la capitale française et au-delà (dont Peter Knapp, Adrian Frutiger, Jean Widmer, Albert Hollenstein, Ernst et Ursula Hiestand, André Gürtler, Bruno Pfaffli, Hans-Rudolf Lutz, voire Hans Jürg Hunziker ... ).
LE BLOC-
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Etape janvier/février 2014
A la suite des premiers volumes sur l'histoire de la typographie écrits par Yves Perrousseaux, Jacques André et Christian Laucou prennent le relais et rédigent à quatre mains ce nouvel ouvrage dédié au XIXe siècle. Le livre est divisé en huit chapitres, consacrés tant aux évolutions techniques qu'aux différentes fonderies ou aux familles typographiques en plein essor. Des "pauses" entre les chapitres rythment l'ouvrage et permettent un focus sur des aspects particuliers, comme le rangement de la casse ou les manuels typographiques.
L'érudition des deux auteurs et la qualité des documents présentés font de ce livre un ouvrage complet, qui permettra aux passionnés de mieux comprendre les évolutions majeures de l'époque
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Le Matricule des anges
A l'heure où le graphiste chinois Xu Bing publie « Une histoire sans mots », un roman exclusivement composé d'icônettes (Grasset, 2013), la parution du dernier volume de la série consacrée à l'Histoire de l'Ecriture typographique
intervient à point pour interroger un vecteur d’expression multiséculaire qui semble subir une mutation profonde depuis son inscription dans l'univers informatique : le caractère typographique.
Présenté par Didier Barrière, qui a assisté récemment à la désintégration de l'Imprimerie nationale, le travail très largement illustré de Jacques André, linguiste spécialiste de la typographie numérique, et de Christian Laucou, Editeur et typographe à l’enseigne de Fornax, vient nous mettre sous les yeux ce qui, après la Révolution française est venu enrichir l'espace public et privé en matière d'images mécaniques, depuis la carte de visite jusqu’à l'encyclopédie en passant par les brimborions, les formulaires et les ouvrages courants, et jusqu 'aux pages de la presse quotidienne qui se compose d'un nombre de signes colossal (au XIX• siècle un exemplaire du Figaro ouvert tient à peu près la place d'une petite toile de tente).
Au-delà des techniques nouvelles que Jacques André et Christian Laucou détaillent avec beaucoup de soin, les pages de cet album offrent un voyage inédit à travers les esthétiques du livre et de la presse au cours du siècle qui, plus que tout autre, imprima « à tour de bras ».
Dans quel cadre prend place votre histoire de l’écriture typographique au XIX• siècle ?
Jacques André :Il y a une dizaine d'années, un imprimeur, Yves Perrousseaux, frappé par l'absence de livres récents sur l'histoire de la typographie, s'est lancé dans la rédaction d'un tel ouvrage. Il voulait à la fois être pédagogue, s'adresser aux chercheurs et aux amateurs, offrir un grand nombre d'images et de précisions techniques. Son travail a été plus long qu'il ne l'imaginait, et il est décédé en laissant trois ouvrages publiés qui couvraient la période allant de Gutenberg à la fin du XVIII• siècle. L'éditeur nous a alors demandé de compléter cette série par ce tome sur le XIX• siècle. Nous avons essayé de le rédiger dans le même esprit, en étant toutefois un peu plus technique.
Christian Laucou : Oui. L'essentiel de cette partie technique m'est dû alors que l'essentiel de la partie historique est due à Jacques André, quoique notre collaboration ait été fondée sur l'échange des informations sur tous les sujets traités. Il est à noter que cette série d'ouvrages dont nous proposons le dernier volume, et non l'ultime, n’est pas une nouvelle resucée d'histoire de l'imprimerie mais une histoire de l'écriture typographique, de la lettre imprimée, de l'évolution de sa forme et de celle de sa technologie.
Elle s'insère donc plus dans l'histoire de l'écriture que dans celle des techniques, bien qu'ici les sujets soient étroitement liés.
Quels sont les enjeux, au XIX• siècle, du typographe ?
Jacques André : Le XIX' siècle est le siècle de la révolution industrielle. Celle-ci n'a pas épargné la typographie, du moins dans son aspect fabrication: tout ce siècle est marqué par une recherche sur la façon de réduire les coûts de production des types et l'on sait que Нa aboutira par les Monotypes et Linotypes. Mais il fallait aussi, et là on parle surtout de l’aspect graphique, satisfaire le marché. D'une part en respectant la tradition (ce seront les caractères de Gillé et des Didot, ceux de l'Imprimerie royale, etc.) et, d'autre part, en copiant le modernisme venu d'Angleterre notamment (caractères gras, Egyptiennes, etc.) et, par réaction à ces excès, en retournant en force aux elzéviers (ouvrages de petit format, ndlr). Le marché c'est aussi celui des éditions savantes nécessitant des fontes capables de couvrir pratiquement toutes les langues du monde y compris celles mortes comme les hiéroglyphes égyptiens.
Enfin, le XIX• siècle verra aussi apparaître les prémices de la typographie des premières années du XXe siècle avec les caractères d'Eugène Grasset, de Peignot, etc. Le XIX• siècle typographique est donc fait de contrastes, de sueur et de créativité.
Christian Laucou : Si par typographe on entend, comme Fournier le Jeune au XVIII• siècle, celui qui crée le caractère (qui le dessine et qui le grave), alors le typographe est celui qui impose l'aspect graphique de son époque, au XIX• siècle comme à toute autre époque sauf, peut-être, à la nôtre où tout est brouillé par la profusion. Si par typographe on entend celui qui utilise la lettre typographique pour produire de l'imprimé, alors le typographe du XIX•siècle est un homme qui doit s'adapter rapidement aux avancées technologiques incessantes de son siècle. Entre le début et la fin de ce siècle, il passe d'une typographie totalement manuelle, héritée des siècles précédents, à une typographie entièrement mécanisée.
Comment envisagez-vous la période à venir ?
Christian Laucou : Pour anticiper quelque peu, le XIX•siècle sera celui de la dématérialisation de la typographie et le XXI• siècle, celui de sa déprofessionnalisation. Ne me demandez pas ce que sera le XXII' siècle (rires).
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Caractère 703
Cet ouvrage vient compléter les trois tomes précédents de la collection créée par Yves Perrousseaux (1940-2011).
Dans le même esprit, Histoire de l’écriture typographique Le XIXe siècle français raconte l’histoire des « caractères d’imprimerie », de leurs usages et de leur implication cachée dans la culture occidentale. Pour montrer la richesse de cette période, les auteurs ont choisi d’en raconter les aventures successives : les Anglais avec l’invention des caractères gras, des égyptiennes et des sanssérifs ; la fonderie Gillé, qui devient celle de Balzac puis de De Berny et qui rejoindra, au début du XXe siècle, celle des Peignot ; la saga des Didot, de la rigueur de Firmin à l’extravagance de Jules ; l’Imprimerie royale, puis impériale et nationale, ses caractères orientaux et ceux de labeur, qui perdureront tant qu’il y aura du plomb ; Louis Perrin, qui réinvente les elzévirs ; les grandes fonderies françaises ; et, enfin, les évolutions techniques du XIXe siècle. Et comme dans les précédents tomes, des « pauses » élargissent le chant purement typographique avec : la gravure sur bois, les casses d’imprimerie, les caractères gras, les manuels de typographique, les caractères de fantaisie et les lettres dessinées.
Auteur associé :
typofonderie.com
’Histoire de l’Écriture Typographique est une collection des éditions Atelier Perrousseaux initialement créée par Yves Perrousseaux, depuis dirigée par David Rault. Elle est bien connue des amateurs & professionnels francophones de la typographie. En dehors d’un volume transversal par Rémi Jimenes sur Les Caractères de civilité: Typographie et Calligraphie sous l’Ancien Régime, elle est composée de trois tomes qui sont l’œuvre personnelle d’Yves Perrousseaux (De Gutenberg au XVIIe siècle — Le XVIIIe siècle: Tomes 1 & 2) et constituent son grand œuvre. Après le décès de celui-ci, Jacques André (mathématicien de formation devenu via l’informatique un éminent spécialiste de la typographie numérique) & Christian Laucou (ancien ouvrier typographe devenu éditeur et, émule de Queneau, fondateur de l’Ouvroir de Typographie Potentielle) ont entrepris de poursuivre le travail de Perrousseaux & d’écrire le volume suivant, consacré au XIXe siècle français.
La typographie franзaise au XIXe
Cet ouvrage volumineux (presque 400 pages) est à nouveau une somme d’érudition d’une extrême richesse. Il couvre non seulement ce qu’il y a de plus connu & de plus important dans la typographie française au XIXe comme les caractères des Didot (qui occupent une place centrale dans le livre) mais aussi les aspects parfois un peu sous-estimés: par exemple, l’influence de la typographie anglaise sur les créateurs de caractères français d’alors, l’importance du renouveau des Elzévirs ou l’invention des caractères de fantaisie. Pour le lecteur, l’intérêt principal de ce volume réside sans doute ici: la peinture d’un XIXe siècle extrêmement divers et tout entier tourné vers la recherche en typographie, un XIXe siècle traversé d’une tension fondamentale entre la recherche de la perfection formelle et la diversification dans l’excès. Cette tension transparaît justement dans les didones, caractères nés d’une quête: la rationalisation toujours plus poussées de la forme, caractères excessifs aussi: toujours plus grands; toujours plus contrastés; toujours plus gras; toujours plus ornés. Plus de 450 illustrations extrêmement bien choisies et pertinentes (même si l’impression moderne ne rend pas bien compte de l’aspect réel des didones originaux), pour certaines d’une beauté saisissante, d’une créativité intense ou d’une modernité surprenante permettent d’appréhender la richesse complexe de ce XIXe siècle. Ces illustrations (pour beaucoup peu ou mal connues) seront sans doute des sources d’inspiration pour les typographes contemporains. À titre personnel, j’attire l’attention sur certains aspects du travail de Jules Didot qui m’étaient largement inconnus: son étonnant livre spécimen qui mériterait d’être intégralement réédité (pages 124-126); les formes inattendues de ses caractères (pages 131-132) & surtout la magnifique frise faite de points d’interrogation et d’exclamation (page 135)!
L’ouvrage se montre tout aussi excellent quand il dépasse le cadre strict qu’il s’est lui-même assigné (le dessin de caractères en plomb). Les chapitres sur le développement de l’Imprimerie qui deviendra Nationale ainsi que sur la généalogie des fonderies françaises (qui aboutiront in fine à la création de Deberny & Peignot au XXe siècle) permettent de comprendre en profondeur qu’une caractéristique majeure de la typographie est d’être une industrie fondée sur un art. En tant qu’art, son échelle temporelle est multiséculaire: la typographie repose sur une somme de savoirs & de savoir-faire accumulés et transmis par l’expérience humaine. En tant qu’industrie, son échelle temporelle est plus courte: elle dépend des progrès techniques et des vicissitudes de l’économie. Les moments les plus féconds de l’histoire de la typographie sont donc ceux où le capital humain s’est combiné au capital technique & économique. Les nombreuses pauses entre les chapitres permettent aussi d’aborder des sujets a priori écartés d’emblées par les auteurs: notamment tous les aspects liés à la composition & à l’usage des lettres (les vignettes gravées sur bois, les lettres décorées, mais aussi les manuels typographiques) qui donnent une image différente de ce siècle et peuvent à nouveau être des sources d’inspiration fécondes.
Le plus grand mérite de cet ouvrage est peut-être de s’être appuyé autant que possible sur des sources originales et d’avoir fait ainsi véritablement œuvre d’historien. Il reste aux historiens de métier, les universitaires (par exemple les historiens du culturel: Jean-François Sirinelli, Pascal Ory, Laurence Bertrand-Dorléac, ou plus probablement leurs élèves) à s’appuyer sur ces travaux remarquables pour donner une ampleur encore plus grande à l’histoire de la typographie en la resituant en tant que phénomène social & en la liant mieux encore à l’historiographie moderne et contemporaine.
Par Dàvid Ranc, janvier 2014.
Auteurs associés :
L'archéologie industrielle en France
L'histoire de la typographie est un domaine assez austère et sans doute limité dans son audience populaire. Une encyclopédie débutant à Gutenberg avait commencé à être publiée voici quelques années, mais elle s'arrêta à la fin du XVIIe siècle par suite du décès de son auteur. Le 4e volume qui vient de sortir, consacré au XIXe siècle français, se veut la continuation de cette œuvre considérable. Il s'agit plus d'une étude de l'écriture typographique que des aspects plus graphiques comme la mise en page par exemple, selon le choix fait par les auteurs. Plus précisément, même, ceux-ci s'intéressent particulièrement aux Didot et à l'Imprimerie nationale. L'intérêt particulier pour nous vient de ce que le X!Xe siècle connaît un accroissement considérable des imprimés, des bulletins administratifs aux journaux, des romans aux ouvrages d'art, des affiches aux vignettes et que tout ceci, tiré à un nombre accru d'exemplaires influe, on s'en douterait, sur les techniques de fabrication de caractères et génère une profusion de nouveautés typographiques. L'ère devient, en ce domaine aussi, véritablement industrielle et il est traité dans deux chapitres consacrés l'un à l'évolution des fontes de caractères et de la composition typo-graphique,« de la main à la machine », l'autre aux fonderies françaises de 1840 à 1900. Le premier de ces chapitres techniques est particulièrement instructif, expliquant le passage de la fabrication des caractères selon la méthode Gutenberg à l'invention des machines à composer et autres linotypes. La lettre surement, mais aussi les bois et bientôt la galvanotypie. Le chapitre suivant nous entraîne vers les entreprises de production de caractères, bien entendu majoritairement parisiennes et situées dans l'environnement immédiat du quartier latin, qui se concentreront progressivement pour ne donner que deux grosses entreprises industrielles à la fin du X!Xe siècle ... Les six chapitres de ce gros ouvrage sont entrecoupés de variations sur un thème, « pauses " traitant " perpendiculairement >> de sujets plus précis. L'ensemble est enfin très abondamment illustré, permettant au lecteur de prendre la mesure de ces caractères, d'en apprécier la multiplicité, la richesse et pourquoi pas de chercher à s'en inspirer. En gardant à l'esprit que la première vertu d'un caractère est sa lisibilité ...
Joseph Virieux